MICROLITHES
Le titre de cette rubrique signifie « petites pierres » (inversement au mégalithe dans L’étoile mystérieuse). Petites pierres à envoyer en direction de ceux qui, selon l’expression anglaise « vivent dans une maison de verre » (« Il ne faut pas jeter des pierres quand on vit dans une maison de verre » est l’équivalent de la paille et la poutre). « Petite pierre pointue » est aussi l’étymologie de « scrupule ». À l’intention de ceux qui n’en ont pas, donc.
RELATION D’EMPRISE
La fiction offre de très nombreux exemples de relations d’emprise. Cela ne rend pas plus facile de les identifier autour de nous pour autant, vu que le manipulateur et sa victime trouvent leur compte à sauver les apparences ; le manipulateur pour des raisons évidentes, la victime parce que la perception d’elle-même est assujettie au regard de son manipulateur.
Quand on dit à certaines personnes “vaccinées” qu’elles ont accepté de se faire injecter un produit inconnu, on assiste littéralement à un court-circuit cognitif dont l’enjeu est de contrefaire les notions de “injecter”, de “produit” et de “inconnu”. Dans un monde où le Pouvoir attribue aux mots et aux informations un sens arbitraire et versatile (langage paradoxal) et où toute réalité est réversible, ces personnes déploient les artifices qui servent à entretenir leurs illusions autant qu’à désorienter leur interlocuteur. Sur Facebook, on m’a même rétorqué que la “pandémie” n’avait donné lieu à aucun matraquage médiatique, que c’était une question de “ressenti”. Je me suis contenté de répondre à mon interlocuteur qu’à moins d’être un ermite, il savait très bien que c’est faux. La défense par leurs victimes des auteurs d’un abus de confiance, la justification de leurs méfaits par les mêmes victimes a tout de la relation d’emprise.
https://twitter.com/lugaxker/status/1371825109560918016
TICS DE PENSÉE
Quand on parle de tyrannie ou de dictature, la référence au “nazisme” est automatisée à un point qu’on devrait peut-être se retenir. Même l’excellente Ariane Bilheran. Et quand on parle du régime soviétique, il faudrait cesser de fermer les yeux sur ce qui s’est passé avant Staline : les massacres ont commencé dès 1917, selon la logique : « on ne fait pas l’Homme nouveau sans casser d’hommelettes ».
CORPS CAVERNEUX (Badiou, Zizek, Onfray)
Dans un entretien donné au journal belge Kairos, le sympathique philosophe Mehdi Belhaj Kacem nous apprend qu’il a mis huit mois avant d’accuser le coup de la crise covid et de commencer à se poser des questions. D’où sa lettre ouverte au philosophe Alain Badiou, en libre accès en ligne. Dans son essai Contre Badiou, l’ancien disciple revenait entre autres sur l’apologie de Pol Pot par Badiou ; je m’étonne un peu au passage de la naïveté de MBK : que les intellectuels d’extrême gauche aient cautionné implicitement ou explicitement des génocides n’a jamais choqué grand monde.
Badiou n’est pas le seul intellectuel d’extrême ou de moyenne gauche à avoir sombré dans la religion covidiste. Un autre de ses admirateurs, Slavoj Zizek (qui a de l’humour et le sens de l’anecdote, quand il ne s’enlise pas dans des considérations hégélo-lacaniennes), mais aussi Noam Chomsky et Michel Onfray ont embrassé ce culte.
Rappelons que pour de nombreux idéologues, le covid est un déclencheur idéal pour la transition vers une “grande réinitialisation” de l’humanité (ou « quatrième révolution industrielle » promise par le Forum économique mondial et son jamesbondien directeur, Klaus Schwab, ou “gouvernance mondiale”prophétisée par d’autres publicistes comme Jacques Attali) ; cela semble aller dans le sens des fantasmes révolutionnaires de l’extrême gauche, les derniers assurant la théorie et les premiers, la politique en action. Après tout, la disparition des particularités locales et nationales sont un élément central du communisme et du mondialisme, qui souhaitent tous deux l’avènement d’un homme nouveau.
LE LOUP ET L’AGNOTOLOGUE*
On utilise le mot “complotiste” à la forme négative pour dire qu’on ne l’est pas ou à la forme affirmative pour discréditer les autres, comme le fait (ne résistons pas au plaisir de tirer sur une ambulance) Thomas Durand, dit La tronche en biais au micro avec André Bercoff sur Sud Radio. Une définition du complotiste est “qui doute de la version officielle des événements”. D’où on peut déduire que l’anti-complotiste est celui qui se réfugie inconditionnellement, qu’il soit payé pour le faire ou non, derrière la version officielle, c’est-à-dire, derrière la loi du plus fort. C’est une stratégie qui se comprend, en termes de réduction de risques. Du moins à court terme.
*merci à Nicolas d’Asseiva, dans son roman-miroir Pax Dystopia , pour m’avoir appris ce mot – même s’il se prononce comme “agnostique” et non comme “agneau”.
LA VOIX DE SON MAÎTRE
Invité à Sud Radio, un imbécile à la satisfaction tartinée sur le visage dénommé Michel Musolino a sorti un livre intitulé Le guide du parfait complotiste. Dans un monde renversé, il est tout à fait normal que ce personnage reproche aux complotistes la méthode qui consiste à « accumuler des arguments ». On en déduira ce qu’il faut sur les vérités officielles.
TRIANGLE
Dans la première scène du film sardonique Triangle of sadness, on assiste à un casting de mannequins hommes au cours duquel on leur apprend à sourire quand ils posent pour les marques bon marché et à afficher une moue méprisante pour les marques de luxe telles que Balenciaga. Il n’y a pas que les enfants objétisés qui font la gueule dans la dernière campagne publicitaire de cette marque diabolique. La chaîne Le juste milieu dresse un excellent aperçu de cette ténébreuse affaire.