COPIRATE

En décidant d’écrire sur ce qui suit, je me suis d’abord dit que je m’éloignais de mon sujet, qui est Fiction et littérature. Mais pas tant que cela en fait puisqu’il va beaucoup être question de fictions, mais de fictions que nous vivons.

A en croire certaines séries américaines, il est devenu acceptable pour un homme (prendre homme au sens large qui englobe aussi bien le mahatma Gandhi que Sarah Palin) de pouvoir répondre à une objection : « Obviously I… » suivi de la négation de ce qu’on vous reproche avant de (ne pas vraiment) répondre. Exemple : « Monsieur ou Madame X, en promettant de ne licencier aucun de vos employés avant d’annoncer soudainement leur licenciement, vous avez montré un certain mépris pour (au choix) leur conditions de travail, les lois syndicales, la vérité, etc. Réponse : « Il est évident que j’accorde une grande importance aux conditions de travail, aux lois syndicales, à la vérité, etc. mais permettez-moi de vous dire que, etc. »

On ne dira pas assez la capacité de sidération de toute expression de déni, que les propos concernés contredisent d’autres propos tenus par la même personne ou des actes.

Le documentaire Les règles du jeu, réalisé par Claudine Bories et Patrice Chagnard, nous fait suivre une poignée de jeunes sans diplômes pris en charge par un cabinet  payé par le gouvernement pour aider gratuitement ces jeunes à trouver du travail. Plus ou moins sympathiques, les protagonistes de ce film en sont l’âme, et sont tous attachants parce que tous s’apprêtent à sacrifier une innocence que le spectateur, qui est probablement un familier de ce qu’on appelle “la vie active” a perdue depuis longtemps. Une des nombreuses choses qui m’ont frappé est le commentaire d’un des deux auteurs, enregistré dans les suppléments, parlant de la seule jeune fille intervenant dans le film, une Lolita taciturne, butée et de bonne volonté ; dans ce commentaire, l’auteur expose la violence symbolique, c’est-à-dire la persuasion, le formatage nécessaires pour que ces jeunes gens renoncent à des valeurs que les auteurs disent profondément ancrées dans les milieux populaires, qui sont celles de vérité, de sincérité, quand tout ce qu’on leur apprend, pour “se vendre” en entretien d’embauche est de près ou de loin associé à des tactiques de mensonge. Incidemment, les auteurs remarquent que nous baignons tellement dans une atmosphère de mensonge que nous ne nous en rendons plus compte (qu’on se rappelle, par exemple, que rien dans la constitution de la cinquième république ne contraint le président élu à tenir ses promesses).

Récemment, j’ai moi-même postulé auprès d’une société ; mais contrairement à Kevin, Lolita, ou Karim, j’ai eu la chance de naître dans un milieu qui m’a préparé en très large partie à ce jeu de rôle… Du moins jusqu’à un certain point. Je vis à Bruxelles et c’est à la vénérable Alliance française que je me suis adressé. Lors d’un entretien qui a duré une bonne heure, au cours duquel je suis allé de surprise en surprise, j’ai eu l’occasion de reconnaître la formule négatrice « Il est évident que… ».

L’Alliance française du moins en Belgique, n’engage que des travailleurs indépendants, dont je suis et « Il est évident que » cette vénérable organisation est consciente des contraintes du statut d’indépendant (je simplifie pour les chômeurs et les employés : payé à l’heure ou à la livraison de commande, pas de congés payés, pas de chômage, aucune sécurité d’emploi, des charges sociales non proportionnelles aux revenus, ce qui veut dire qu’en période difficile on doit s’acquitter d’une base trimestrielle de quelque 800 euros, même s’il faut pour cela sacrifier une partie de son loyer ou de ses courses pour pouvoir les payer, situations qu’ont connue et connaissent beaucoup d’indépendants).

Traduite du français au français : la formule « Il est évident que nous sommes conscients des contraintes du statut d’indépendant » signifie : « Nous sommes prêts à DIRE tout ce qu’il faut si cela suffit à faire croire que nous ne nous en fichons pas royalement. »

Comment l’Alliance Française se montre-t-elle « consciente » ? Eh bien en le disant et en vous regardant dans les yeux, avant de vous expliquer que vous êtes « encouragé » à suivre des formations afin de vous aider à vous glisser plus facilement dans le moule de « la marque AFBE » (Alliance française Belgique ; où on est très friands de sigles). L’Alliance française est aussi inventive que la langue dont elle promeut l’enseignement puisque, ayant lu le contrat en quatorze pages et 30 points en petits caractères, je suis amené à comprendre qu’ « encouragé » signifie « contraint » à suivre au moins deux formations par an, dont, après relecture du contrat, je m’aperçois que ces stages sont effectués AUX FRAIS DE L’ENSEIGNANT. C’était tellement gros que cela m’avait échappé à la première lecture.

L’autre point qui me fait basculer davantage dans la fiction vécue et m’a persuadé de ne pas travailler avec cette vénérable institution est la question des droits d’auteur, dont on a eu la délicatesse de ne pas me parler en face. Lisant toujours le sympathique contrat en quatorze pages et 30 points en petits caractères, j’apprends que le professeur indépendant travaillant pour l’Aèfbéeu renonce intégralement à la paternité des documents qu’il crée dans le cadre des cours qu’il donne pour cette vénérable institution. Avec permission donnée à l’AFBE, stipulée par le contrat, de modifier les documents en question à leur guise, ce qui a le grand courage de contrevenir aux bases même de la propriété intellectuelle.

Et là je dois saluer la grande ingéniosité d’un organisme bien conscient de ne pas rémunérer le travail de préparation de cours donnés par ses professeurs indépendants, préparation dont la création éventuelle de documents pédagogiques ne représente qu’une partie. L’Aèfbéeu en est tellement consciente qu’elle rend hommage à ses professeurs indépendants en s’appropriant le fruit de leur travail, ce qui est le plus grand compliment qu’elle puisse leur faire puisque la création n’a pas de prix.

C’est une autre raison pour laquelle je ne puis malheureusement pas me résoudre à travailler pour ce vénérable organisme, étant en train de me renseigner auprès d’un juriste spécialisé dans les droits d’auteur sur la possibilité de faire passer une partie de ce que je facture en propriété intellectuelle (en vertu de l’extension juridique récente de cette notion), ce qui serait une autre manière de faire reconnaître mon travail. Malgré le caractère d’hommage qu’aurait représenté la confiscation de mes droits d’auteur, je n’aurais pu m’empêcher de me sentir, ingrat que je suis, un peu lésé.

 

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KING KONG (1976), le dieu des petites choses

Le King Kong de John Guillermin est un film mal aimé . Je me souviens qu’enfant, j’étais très ému par le sort de ce pauvre gorille et attribuais cette sensiblerie  à ma jeunesse ; or une nouvelle vision adulte révèle un film qui s’enfonce peu à peu dans une profonde tristesse doublée d’un amer désenchantement.

Un certain parti pris de lenteur ne fait qu’accentuer cette impression (même si en chemin, le film traverse plusieurs genre avec un certain bonheur : le film d’aventures, la comédie, la satire, même) : c’est au bout d’une heure, sur un film de deux heures que l’affolante Jessica Lange se trouve confrontée avec le dieu Kong ; de nombreuses scènes étudient la relation entre la belle et la bête et l’aspect érotique de l’entreprise n’est pas à négliger non plus (la scène de la cascade) ; j’avais d’ailleurs oublié combien le gorille était expressif, ce qui extrait du spectateur (de moi en tout cas) une compassion qui pourrait bien le laisser gravement déshydraté à la vision de ce géant capturé et enfermé au fond de la cuve d’un pétrolier, ne sortant de sa torpeur mélancolique que parce que le vent lui a apporté l’écharpe de sa belle, dont il renifle douloureusement le parfum.

Sensible et intelligent, le film de Guillermin ne nous épargne pas de terribles constats : on a volé à la tribu de l’île inconnue leur dieu Kong ; le pétrole qu’on espérait y trouver doit encore vieillir d’une dizaine de milliers d’années (ce qu’on apprend lors d’une scène de comédie très réussie comme le film en compte plusieurs), les indigènes sont désormais condamnés par le contact avec la “civilisation de l’homme blanc” à devenir alcooliques et à s’éteindre dans l’indifférence (pronostic que fait un des personnages) ; quand la fièvre du pétrole retombe devant le principe de réalité, elle est automatiquement convertie en événement publicitaire à la gloire de la société Petrox ; et c’est sous une bâche ressemblant à une pompe à essence géante que sera dissimulé le pauvre dieu Kong, humilié et affublé d’une couronne dont on pourrait croire qu’elle le ridiculise accidentellement, alors qu’elle remplit sa fonction, qui est de tout assujettir au dieu Profit ; Jessica Lange campe merveilleusement Dwan, cette écervelée voluptueuse rescapée d’un naufrage parce qu’elle se trouvait sur le pont d’un Yacht qui a explosé au moment où le reste de l’équipage était en train de regarder Gorge profonde – entre les lignes, on comprend que la starlette a échappé à un autre destin ; à la fin, au pied du World Trade Center (très belle idée que d’avoir fait de ce symbole de la finance l’écho visuel d’un double piton rocheux dressé sur l’île de Kong) où gît le corps du gorille abattu assailli par la foule et la presse, la belle Dwan, tentant de rejoindre Prescott (amoureux d’elle mais qui n’est néanmoins pas dupe de ses ambitions), cernée par les photographes, continue de hurler son nom, passant instantanément et instinctivement de la position de l’amoureuse désespérée à celle de la photogénique veuve du monstre, du privé à l’obscène, de la sincérité à l’hystérie. On s’attendrait presque à ce que, comme Gloria Swanson à la fin de Sunset boulevard, elle dise : « Je suis prête pour mon gros plan, Monsieur  DeMille. » D’ailleurs, tout comme les aventuriers blancs ont volé leur dieu Kong aux indigènes de l’île mystérieuse, ceux-ci leur avaient volé leur aspirante déesse, dans une constellation cynique où les stars ne représentent guère autre chose que le sexe et l’argent.

A-t-on les rêves – et les dieux – qu’on mérite ?

Note :  L’original de Cooper et Schoedsack me semble se résumer à  un très beau livre d’images ; quant à la version relativement récente de Peter Jackson, c’est une démonstration de perfection technique au service de partis pris au souffle court (l’action se déroule à la même époque que le King Kong de 1933 et en fait un film d’époque assez décoratif, même si la partie qui a lieu sur le bateau me semble très réussie) ou absurdes : lors d’un combat avec un dinosaure géant, Kong tenant sa blonde dans une main, la secoue de sorte qu’elle ne pourrait sortir que complètement disloquée de cette épreuve (le King Kong de 1933 était plus prévenant et plus intelligent : perchant sa fiancée sur un arbre d’où elle ne pouvait descendre seule pour pouvoir régler son compte tranquillement à un dinosaure contrariant) ; la fiancée blonde du gorille géant escalade en robe de satin et en talons hauts l’échelle de la tour du Chrysler building en plein hiver. Ainsi, dans un film dont le suspense tient aux dangers affrontés par ses personnages, le froid glacial et la fragilité du corps humain sont traités comme des balivernes.

FICTION ET VÉRITÉ (Galaxy Quest)

GALAXY QUEST

Une bonne fiction peut nous donner l’occasion de nous demander ce que nous ferions à la place de tel ou tel personnage. Parfois certains films répondent sans en avoir l’air à la question de savoir s’il faut dire la vérité à tout prix.

En plus d’être excellent divertissement, le film Galaxy quest (je ne dirai pas « est une réflexion sur » car il ne réfléchit pas à la place de son public) peut aussi inciter le spectateur à se poser la question de la place de la fiction dans notre existence.

Les héros de ce film sont les acteurs vedettes d’une série de science-fiction, Galaxy quest, qui a eu son heure de succès dans les années quatre-vingts. Quand le film commence, les acteurs en sont réduits à faire des apparitions dans des festivals de science-fiction (les fameux “Comic-conventions” ou « comic-con » qui passionnent les geeks de la série Big Bang theory) ou à inaugurer des centre commerciaux.

Dès les premières scènes, comme toutes les comédies qui se distinguent, Galaxy quest prend son sujet au sérieux en montrant avec justesse les failles des personnages, tout particulièrement celles de l’acteur principal, qui joue le commandant du NSEA Protector  dont les années de déclin ne semblent pas avoir altéré l’optimisme. Ses partenaires s’amusent de l’enthousiasme et du naturel avec lequel il « revit » ses aventures auprès de ses fans comme s’il s’agissait de souvenirs (1), tout en ne pouvant s’empêcher d’admirer la candeur qu’il a réussi à préserver. Il est vrai qu’il conserve sa gaité dans l’alcool.

Pourtant, son enthousiasme sera sérieusement mis à mal quand il surprendra les commentaires le décrivant comme un ringard inconscient du mépris de ses partenaires. Seul un événement exceptionnel le tirera de cette crise ; cet événement se produira sous la forme d’un appel au secours émanant d’un quatuor de personnages habillés en noir (d’une gentillesse désarmante) qui lui expliquent qu’ils sont des Thermiens venus sur terre pour implorer son aide.

Tandis que le commandant les prend pour des illuminés qui prennent leur costume de cosplay un peu trop au sérieux, le spectateur, lui, comprendra vite que ces quatre personnages sont réellement des extra-terrestres qui voient en les personnages de la série Galaxy quest les sauveurs potentiels de leur peuple en danger. En effet, ignorant les concepts de fiction et de mensonge, ils prennent la série pour une collection de documents historiques.

Une fois que toute la distribution de la série (croyant d’abord qu’il s’agit d’une opportunité de travail) se trouve embarquée dans l’aventure, les Thermiens leur font une surprise de taille en leur faisant découvrir le vaisseau qu’ils ont construit pour eux, réplique exacte de celui de la série, qui ressemble beaucoup à celui de Star Trek, à laquelle Galaxy quest envoie ses hommages tout en parodiant ses conventions. (le choix du terme “parodie” est délicat ; quoi qu’il en soit, Galaxy quest n’a rien à voir avec La folle histoire de l’espace de Mel Brooks, film très amusant où rien n’est pris au sérieux).

Je ne raconterai du film que ce qui est nécessaire pour rendre explicite la réflexion subtile qu’il développe en filigrane sur la fiction et le mensonge (réflexion que le spectateur est libre d’ignorer car le scénario, qui ne présente pas une faiblesse, fonctionne aussi sur les conventions du genre, qu’il expose en même temps qu’il en fait des moteurs de l’action).

A partir du moment où ils comprennent dans quoi ils sont embarqués, que Sarris, l’ennemi des Thermiens, est un véritable dictateur sanguinaire et que la méprise initiale pourrait bien se transformer en opération suicide, les acteurs ne doivent plus seulement faire le choix douloureux de l’héroïsme : ce choix est alourdi par des considérations morales, comme le fait que les Thermiens, en les prenant pour des héros, leur ont rendu leur dignité. Le spectateur se dit que la chose la plus raisonnable à faire serait de dire la vérité aux Thermiens et de les forcer à s’adapter à la réalité des choses ; en même temps, on se doute qu’en confisquant leurs illusions aux Thermiens, on provoquerait une découragement dont ils ne se relèveraient pas et dont leur ennemi profiterait pour les anéantir (2).

Je dirai seulement pour ne pas le déflorer que les personnages doivent agir ; et que c’est l’action qui leur permet de savoir ce qu’ils pensent et ce qu’ils veulent. Comme cela arrive aussi dans la vie, quand on n’est pas paralysé par de fausses questions.

Allant jusqu’au bout de sa logique, le film n’éludera pas la question centrale de la fiction, du mensonge et de l’imposture (qui sont une seule et même chose pour les Thermiens) en mettant les personnages dans la situation de devoir révéler qu’ils ne sont que des acteurs et non des héros. A ce point du déroulement de l’histoire, leur aveu est beaucoup moins justifié puisqu’ils ont déjà mis plusieurs fois leur vie en danger pour aider les Thermiens. Il faut noter que s’ils font cet aveu, la mort dans l’âme, c’est parce qu’avant un dernier retournement, l’ennemi des Thermiens, qui a compris qui ils étaient, les oblige à révéler à leur chef leur nature de saltimbanques, pour le seul plaisir d’infliger à ses victimes une souffrance de plus. (3)

A ce point, le spectateur se demande à la fois comment les héros vont retourner la situation, et aussi, si le film va laisser les Thermiens dans cet état désespérant de lucidité, ce qu’on ne leur souhaite pas, comme on ne souhaite à personne de vivre dans un monde désenchanté.

 

(1) Il faut d’ailleurs noter que les fans traitent tous les acteurs de la série comme s’ils étaient leur personnage et non comme s’ils le jouaient ; on pourrait penser que le film se moque des fans, ce qu’il fait affectueusement ; cependant tout au long de son déroulement, s’il y a une chose dont le film ne se moque pas, c’est de la fiction et de ceux qui y croient ; en fin de compte, on peut comprendre que les fans sont simplement des gens à qui la fiction offre la chance d’une double vie.

(2) Dans la réflexion qu’il développe sur le film Matrix dans le passionnant A pervert’s guide to cinema, Slavoj Zizek imagine une troisième pilule proposée à Neo. La première lui permet de retourner dans son monde d’illusion, (celui qui ressemble à notre quotidien) ; la seconde le fait définitivement quitter l’illusion pour la réalité (cauchemardesque et apocalyptique) ; la troisième pilule, imaginée par Zizek, permettrait de percevoir ce que l’illusion contient de réalité ou de vérité, et de comprendre que l’illusion est une interface par laquelle nous négocions avec la réalité et la vérité, ce que tous les gens qui aiment la fiction comprennent déjà instinctivement. (Zizek conclut : « Si on ampute la réalité des fictions symboliques qui la régulent, on supprime la réalité elle-même. »)

(3) C’est en se faisant passer les “documents historiques”(le début d’un épisode de la série Galaxy quest) que Sarris comprend que les alliés terriens des Thermiens ne sont que des saltimbanques. Il est donc intéressant de noter qu’à travers le personnage de Sarris, le film établit un parallèle entre le mal, la fureur destructrice, et l’indifférence à la fiction.

Car la fiction, en nous aidant à nous mettre à la place de personnages imaginaires dont le destin dépasse les limites de notre expérience, peut nous permettre de cultiver notre empathie.

Dans le chapitre intitulé Les lâches sont dangereux de son recueil Vérités et mensonges en littérature, Stephen Vizinczey nous fournit un exemple contraire, celui  de Franz Stangl, concepteur du camp de Sobibor et directeur de celui de Treblinka, homme ordinaire, époux et père de famille, à qui manquait « la capacité d’imagination qui lui aurait permis de se mettre à la place des autres », c’est-à-dire, ses victimes, qui n’étaient pour lui que des statistiques. « Stangl est parvenu à ne pas comprendre ce qu’il faisait pendant qu’il était à Treblinka […], mais après la guerre, quand il vivait au Brésil et lisait tous les comptes rendus du procès d’Eichmann […], il comprit finalement que la « cargaison » dont il s’occupait à Treblinka était  composée d’êtres humains. Le lendemain du jour où il parut comprendre qu’il était coupable, il mourut. Peut-être n’est-il pas déplacé de noter […] que l’état [démocratique], pour préserver sa sécurité, doit cultiver l’imagination. »