Ce tableau de Magritte est une de mes images préférées ; contredit-elle vraiment le titre de ce texte ? ne pas oublier qu’on est capable de reconnaitre les gens de dos, parfois d’assez loin, aptitude qui m’a toujours étonné.
Les gens qui me connaissent plus ou moins bien c’est-à-dire aussi bien que je me connais moi-même, savent que “j’écris”, même si ce n’est pas la seule chose que je fais ; pour paraphraser Pierre Desproges à propos de Marguerite Duras : je n’écris pas que des conneries, j’en dis aussi (d’après Desproges, Duras en filmait).
“J’écris” entre guillemets parce que, je n’ai pas toujours su ce que cela voulait dire. J’avais du mal à y croire moi-même : c’était une préoccupation constante, ma montagne personnelle, intérieure, qui accouchait d’une souris. Jusqu’à l’âge de vingt-sept ans, j’ai péniblement pondu (pour sortir du registre des mammifères rongeurs et des accidents géographiques) quelques textes très courts, j’ai eu quelques lecteurs (zé lectrices) proches, j’ai tout aussi péniblement entamé l’écriture de quelques romans… (Ah, j’ai quand même achevé l’écriture d’un recueil de textes autofictionnels, parce qu’il fallait bien commencer quelque part ; je l’ai intitulé Le souci du détail que mon spirituel compagnon n’a pas tardé à rebaptiser Souci du bétail)
Mais pendant des années, j’ai été un handicapé du roman et de l’imagination.
Et puis il y a eu un déclic, qui a été l’année (2004) que j’ai passé, pour des motifs saugrenus, dans une école d’art de Bruxelles. J’étais en section de photographie. A la fin de cette année, je me suis rendu compte de plusieurs choses :
– que ce petit monde des écoles d’art était pour moi un meilleur objet d’études que la photographie
– que je n’avais plus eu le temps d’écrire tout au long de cette année aussi divertissante qu’instructive (où déjà à cette petite échelle, se révélaient les relations de collusion entre art et politique) et que cela me manquait plus que tout
– que j’avais une idée de roman, qui allait d’ailleurs devenir mon premier roman achevé
Depuis lors, j’ai écrit deux autres romans.
Que j’ai envoyés à des éditeurs.
Les dizaines d’exemplaires des deux premiers n’ont rencontré en terme de réactions que l’équivalent d’un cruciféracée virginal. Comme on dit chez moi, il faut avoir le caractère mieux fait que la figure.
L’écueil du découragement et de l’amertume n’est jamais loin, ne serait-ce que sous la forme d’un point d’interrogation. Pour l’éviter, je commençais à envisager récemment de consacrer mon énergie à autre chose : le dessin, le russe, peut-être l’aïkido…
Je suis en train d’envoyer aux éditeurs mon troisième roman, incidemment intitulé Et je t’embrasse.
Et puis il y a quelques jours, je suis tombé sur la page de Christophe Cros-Houplon, un auteur auto-édité qui en parlant de la plateforme d’auto-édition, m’a fait voir les choses autrement.
“Ni éditeur, ni critiques, ni attaché de presse, ni circuits de distribution. Seuls les lecteurs et moi. Ce qui permet la liberté d’expression pleine et entière sans censure ou passe-droits.”
J’ai compris que l’édition, les éditeurs n’étaient pas la seule voie.
Il écrit entre autres des textes autobiographiques, des romans, des essais sur le cinéma de science-fiction. J’en profite pour lui faire un peu de pub (on peut acheter ses livres en pdf ou en version papier) :
http://christophecroshouplon.blogspot.com/2017/08/ouvrages-de-christophe-cros-houplon.html
Important : même si cela n’a pas toujours été évident : j’ai toujours pris en compte tout ce que les gens qui m’ont lu (que je remercie) ont pu me dire, que ce soient des textes de jeunesse ou plus récents. Je me souviens de tous les commentaires, ils m’ont tous appris quelque chose, que ce soit sur moi, sur ce que j’avais écrit ou sur la personne en question (bon, parfois, que c’était un(e) crétin(e), mais c’était quelqu’un que je ne connaissais pas sur une plateforme de lecture partagée).
Donc un clin d’œil reconnaissant à tous ceux et celles (allez, une concession à l’inclusivité politiquement correcte et une pensée attendrie pour les personnes qui vont essayer d’appliquer ce programme de manière rigoureuse) qui m’ont lu.
Et aux autres : vous ne perdez rien pour attendre.
Tout ça pour dire, les plus malins d’entre vous l’auront compris, que je vais me lancer dans l’auto-édition.
Que vous allez avoir de mes nouvelles.
Et [que] je vous embrasse.
(à suivre, donc…)