CES VOIX DANS NOS TÊTES – L’INGÉNIERIE SOCIALE MODERNE DANS LE “MONDE LIBRE” (1/3)

La ruse suprême du diable, écrivait Charles Baudelaire, est d’avoir réussi à faire croire qu’il n’existe pas. C’est aussi en quelque sorte le tour de force des services secrets d’avoir réussi à faire croire que leur action ne s’exerce qu’à l’étranger, et que toute influence, tout piratage mental ne saurait être que le résultat de forces étrangères, comme récemment l’affaire de la gifle infligée à Emmanuel Macron, par son “épouse”, dont les images ont aussitôt été mises sur le compte de l’ingérence russe. Le fait de croire que la propagande est toujours d’origine étrangère ne s’est pas installé par hasard, c’est le résultat d’une illusion entretenue sciemment par les services secrets depuis l’époque où la propagande a cessé de s’appeler « propagande de guerre », c’est-à-dire jusqu’au lendemain de la Première guerre mondiale, où les régimes démocratiques se sont avisés de la nécessité d’une opération permanente d’influence en temps de paix, ne serait-ce que pour nous inculquer leur notion de la “paix” (l’entretien de la menace de l’ennemi plus ou moins réel) et de la “liberté” (la consommation). C’est depuis le début du XXe siècle qu’elle a changé de nom pour s’appeler, information, relations publiques (Edward Bernays) et être tantôt assumée tantôt dénoncée comme Manufacture du consentement et s’infiltrer dans tous les domaines d’activité de ce qu’on appelle « le monde libre ». 
Résultat, les services secrets sont loin de n’employer que des espions (agents envoyés à l’étranger) : ils ont aussi recours à des agences de communication, de publicité, des expériences de psychologie expérimentale pouvant aller loin dans la cruauté, (comme celles d’Ewen Cameron et du programme MK-Ultra…) et sont infiltrés dans les universités et les centres de recherche scientifique. C’est à partir du début du XXe siècle, principalement dans la nébuleuse de l’Institut Tavistock, que s’est développée cette propagande scientifique moderne, qui traite les populations indigènes (européennes, occidentales) comme des ennemis en puissance, qu’il est impératif de programmer, conditionner, hypnotiser. C’est l’aveu même qu’un des pères fondateurs de cette ingénierie sociale de masse Edward Bernays, qui écrit que les démocraties ont besoin pour garder leur légitimité d’avoir l’assentiment des populations. À ceci près que cet assentiment, elles ont les moyens de le créer. 
La série d’articles qui s’ouvre ici a été publiée dans les numéros 482, 483 et 484 de l’Antipresse, journal de Slobodan Despot

S’il est une phrase apprise dès l’école dont on ne tire pas les leçons, c’est bien « L’histoire est écrite par les vainqueurs ». Tant que cela restera vrai et qu’on ne se demandera pas qui sont les véritables vainqueurs de l’histoire, l’épisode Coronavirus, le jour où il entrera dans les manuels sera résumé à peu près comme suit (calqué, donc, sur le narratif médiatique qui nous aura enfermés dans une réalité parallèle) : « À partir de mars 2020 s’est déclarée une pandémie globale qui n’a pu être contenue que grâce aux efforts concertés des gouvernements mondiaux, une stratégie dans l’ensemble cohérente déployée par les organismes mondiaux de santé, main dans la main avec l’industrie pharmaceutique moderne, toujours à la pointe de la recherche »… 
Ce récit, qui est ce qui se rapproche le plus, à l’ère moderne, du poème épique, ne mentionnera ni la privatisation de l’Organisation Mondiale pour la Santé par la fondation Bill and Melinda Gates et GAVI (ne parlons même pas de la privatisation des nations par les banques), ni des tendances génocidaires de Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS, dirigée contre l’ethnie majoritaire de son pays d’origine… 
En 2020, quand j’ai commencé à relayer l’excellente vidéo de Marcel D., rigoureusement documentée, contrairement à ce que son ton satirique et volontiers vulgaire aurait pu suggérer (1) , il m’a été objecté par des gens qui avaient manifestement déjà appris par cœur les leçons de l’histoire du futur, que « Bill Gates n’est qu’un milliardaire à l’américaine, qui tue le temps en se livrant à la philanthropie ». C’est mignon, est-on tenté de dire. Que des citoyens ordinaires renforcent tous les super-pouvoirs que sont les gouvernements et les milliardaires par une confiance qu’on ne rencontre guère que chez les canetons, voilà qui me dépassait, sans pour autant me surprendre tout à fait (et ne nous trompons pas : chez nous, ils s’appellent milliardaires alors qu’à l’est, ce sont de vulgaires oligarques, dixit la presse du monde libre). 

LE PREMIER BUREAU OFFICIEL DE MANIPULATION DES ESPRITS
Pourtant l’opération de propagande, de manipulation et de terreur, qui s’est déchaînée dans le monde entier ou presque à partir de 2020 avec une synchronisation qui laisse rêveur, est l’aboutissement de recherches entamées un peu plus d’un siècle plus tôt, financées par plusieurs lignées de “philanthropes”, notamment les Carnegie, les Rothschild, les Rockefeller (2) et la famille royale britannique, à l’origine en 1913 de la création du Bureau de la Propagande de Guerre, sis à la Wellington House à Londres. L’historien Arnold Toynbee en était le directeur des études sur l’avenir tandis que Walter Lippmann et Edward Bernays s’occupaient de la manipulation de l’opinion publique en vue de modifier les opinion britannique et américaine en faveur de l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. Ce Bureau allait devenir la clinique Tavistock en 1920 puis, en 1947, l’Institut Tavistock des Relations Humaines. Le terrain de recherche de ce vénérable institut ? La propagande scientifique moderne, ou ingénierie sociale. 
L’opération la plus retentissante des activités du Bureau britannique pour la propagande de guerre aura consisté, au début de la Première guerre mondiale, à diffuser une image caricaturale de l’empereur Guillaume II et à propager des accusations d’atrocités commises par les Allemands contre les civils en Belgique, en faisant croire notamment que des soldats allemands assoiffés de sang auraient coupé les mains à des enfants belges, violé et démembré des femmes qu’ils auraient clouées à des portes de bâtiments publics. On retrouve même des traces de ces rumeurs dans Le temps retrouvé de Marcel Proust. Une des techniques de retournement de l’opinion est le “sondage”, qui est en fait une opération de modelage de l’opinion : tout est dans la manière de formuler la question. C’est de manière stratégique que les opérations de désinformation et de confusion seraient menées depuis Londres et non depuis les États-Unis. En effet, les ambassadeurs britannique, français et belge s’étaient prononcés contre l’établissement d’un service de propagande sur le sol américain, afin de brouiller les pistes face à la trop manifeste propagande allemande (2). Cette propagande financée par la couronne britannique et par les inévitables Rothschild et Rockefeller, importable d’un côté à l’autre de l’océan Atlantique, allait bénéficier du relais de l’édition, de la presse, de la publicité et des cinémas, qui diffusaient depuis 1910 des images de ce qu’on appelle à tort ou à raison « actualités » ou « informations » (Newsreels en anglais). 

DE LA PSYCHANALYSE À LA FABRIQUE DU CONSENTEMENT
Il n’est que trop facile de croire que la propagande et la manipulation de masse seraient des inventions de régimes fascistes (qu’ils soient nationalistes ou bolcheviques). Après tout, Staline n’appelait-il pas les écrivains du Parti « les ingénieurs de l’âme humaine »… 
La vérité est qu’un des livres de chevet de Joseph Goebbels était Propaganda, manifeste d’Edward Bernays paru à New York en 1928. Wikipédia nous apprend que les techniques de propagande moderne ont été codifiées et appliquées la première fois d’une façon scientifique par Bernays et l’essayiste Walter Lippmann. Bernays était le neveu de Sigmund Freud (lequel, avec l’invention controversée de la psychanalyse, a contribué à réduire l’humain à ses pulsions sexuelles, idée exploitée avec grand profit par le cinéma et la propagande commerciale qu’on appelle aujourd’hui publicité). Bernays se voyait, selon ses propres mots comme un « psychanalyste des corporations en difficultés » (comme l’écrit Norman Baillargeon dans sa préface à la réédition française du livre de Bernays). Il n’est d’ailleurs pas interdit d’étendre la notion de corporation à tout système étatique. Bernays est l’inventeur de ce qu’il appelle « Ingénierie du consentement » ou « fabrique du consentement », formule attribuée à Walter Lippmann.  
En France, c’est en mars 1938 qu’apparaîtra un ministère de la Propagande, dans le second cabinet Léon Blum. Ce ministère continuera d’exister sous la Quatrième République sous le nom de ministère de l’Information

UN DISCRET CLUB LITTÉRAIRE
La première équipe de ce qui deviendrait l’Institut Tavistock était composée d’Arnold Toynbee, des lords Northcliffe et Rothmere, mais aussi de Walter Lippmann et d’Edward Bernays. « Autrefois, ceux qui gouvernaient […] orientaient le cours de l’histoire en faisant simplement ce qu’ils avaient envie de faire. [Leurs] successeurs ne peuvent plus faire ce qu’ils veulent sans l’assentiment des masses et ils ont trouvé dans la propagande un outil de plus en plus fiable pour obtenir cet accord. La propagande a par conséquent un bel avenir devant elle. » écrira Edward Bernays en 1928 dans son essai Propaganda. Quant à Toynbee, auteur des vingt volumes de L’histoire de la civilisation occidentale, sa théorie postulait que toutes les grande civilisations étant vouées à s’effondrer, ce déclin pouvait être amorti par l’oligarchie véritablement au pouvoir en recrutant une sorte de clergé dévoué aux principes de la règle impériale (comprendre : oligarchique). 
Les activités de l’Institut Tavistock sont restées confidentielles jusqu’en 1935, avec la collaboration d’écrivains aussi connus que Arthur Conan Doyle (Sherlock Holmes), Thomas Hardy (Tess d’Uberville), H. G. Wells (La guerre des mondes, La machine à remonter le temps… mais aussi Le nouvel ordre mondial, essai dans lequel Wells prône la formation d’un gouvernement mondial socialiste et scientifiquement planifié en vue de la défense des droits de l’homme), G. K. Chesterton (Un nommé jeudi), John Galsworthy, etc., puisqu’une propagande réussie s’assurera un succès durable en enrôlant des agents officiels et officieux dans tous les domaines de la vie publique et artistique (voir au printemps 2020 la mise à contribution contre rémunération des youtubeurs et autres influenceurs, enrôlés pour nous inciter à « rester chez nous », mais aussi l’étrange unanimité du monde culturel et artistique au sujet de cette “crise”)

COMMENT BLANCHIR UNE ARME DE GUERRE
Le Dictionnaire historique de la langue française nous apprend que jusqu’au tournant des dix-huitième et dix-neuvième siècles, le mot propagande signifie propagation de la foi (chrétienne). Ce mot prendra un sens politique après la Révolution en février 1795, avec la première proclamation officielle de séparation entre l’Église constitutionnelle et l’État. Il ne faudrait d’ailleurs pas en déduire hâtivement que le phénomène religieux s’est affaibli puisqu’à partir de cette époque, le culte méconnu car maçonnique de l’Être suprême, puis celui de la République nimberont le régime d’une aura mystique… Avant que d’autres idoles ne viennent lui prêter main forte. 
Il serait peut-être une erreur de croire qu’il s’agit d’une religion sans dieu puisque dans le règne de la contrefaçon, tout est divinisable, quitte à ce que le culte passe par des idoles, qu’elles soient cristallisées dans le culte de la personnalité ou le Parti. La propagande servirait donc à renforcer une sorte de culte qui ne dit pas son nom – l’idole de la science s’ajoutait officiellement à partir de 2020 à ce culte polythéiquement correct. Le franc-maçon et ancien ministre français de l’Éducation nationale Vincent Peillon appelle la laïcité Une religion pour la République (titre d’un de ses livres). Il a d’ailleurs raison de constater que les grandes structures de pouvoir ont besoin d’un principe (plus ou moins) supérieur pour se prévaloir d’une forme de légitimité. 
Pour innocenter les démocraties occidentales de toute pratique suspecte, le mot propagande a progressivement été remplacé par publicité, relations publiques, communication politique ou santé mentale. Il semblerait même que ce soit la femme d’Edward Bernays qui ait suggéré à celui-ci d’employer un autre mot.  L’emploi du mot propagande a été réservé aux pratiques de pays ennemis ou jugés dangereux. De leur côté, les travaux sur la manipulation des masses seraient déguisés en organismes spécialisés dans la sociologie, la psychologie (expérimentale ou non) et la psychiatrie (impliquant déjà une vision standardisée et standardisable du comportement humain, séparant le corps de l’esprit et tournant le dos au concept d’âme, traitant les symptômes par la chimie). 
Mais l’ingénierie sociale, qui est aujourd’hui enseignée dans les universités, ne se limite pas à la propagande. D’ailleurs même si c’était le cas, l’opinion est une force agissante. 

LE POUVOIR DE L’ARGENT
Dans ses versions successives, l’Institut Tavistock des Relations Humaines, faisait partie d’une constellation de deux cents ou trois cents organismes financés par la dynastie Rockefeller (sans compter les organisations créées par d’autres “philanthropes”). 
Les immenses fortunes américaines du tournant des XIXe et XXe siècle auront été le produit de la révolution bourgeoise de 1789 (relisez l’immense Balzac). Il semble qu’après la transformation du monde physique, c’est à la transformation du monde mental que se consacreront les vitrines du pouvoir occulte qu’on appelle “démocraties”. Ce pouvoir occulte, c’est-à-dire caché, d’abord financier, est loin d’être dépourvu de visées spirituelles, philosophiques et contre-spirituelles, et tire son inspiration des utopies, notamment des utopies socialistes, elles-mêmes traversées par des courants philosophiques, spirituels et gnostiques. Si le mot utopie est souvent employé avec une connotation rêveuse, même sur le papier, ces cités idéales illustrent l’idée que les rêves des rationalistes sont nos cauchemars. 
Pour donner une idées de l’influence de ces nouvelles fortunes, la fondation Carnegie, avec le soutien des Rockefeller, a réussi à remodeler complètement la conception de la médecine à partir du début du XXe siècle, en commandant le Rapport Flexner, dont ils se serviraient pour pousser les écoles, académies et universités de médecine existantes à abandonner les pratiques traditionnelles au profit de la chimie, plus rentable et correspondant aussi à une vision mécaniste de l’humanité, de généreux financements étaient proposés en l’échange de l’abandon des médecines traditionnelles, naturelles, notamment (3). Les organisations, centres d’études universitaires ou autres, etc. financés par la fondation Rockefeller ont vite formé une toile qui s’étend sur toutes les villes importantes du monde occidental. De même, il n’est aujourd’hui pas un centre de recherche médical d’importance qui ne soit arrosé par la Fondation Bill et Melinda Gates au nom de “l’amour de l’humanité” – et je ne parle pas d’organes de presse, comme le Monde, maintenus en vie grâce à ces généreux donateurs et des aides d’État. Il convient donc d’observer la même méfiance vis-à-vis d’un “Institut des relations humaines” envisagées à l’échelle mondiale, c’est-à-dire dans une perspective forcément dépersonnalisante, que vis-à-vis d’une Organisation Mondiale pour la Santé entre les mains d’un oligarque, pardon, d’un milliardaire philanthrope obsédé par la vaccination. 
« la manipulation consciente, intelligente des opinions et des habitudes organisées de masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. » (Edward Bernays) Nous verrons dans les parties 1 et 2 de cet article que la propagande et  l’ingénierie sociale sont loin de se limiter à la modification des habitudes de consommation ou de la perception d’un pays décrété ennemi par le gouvernement invisible. 

LE « GOUVERNEMENT INVISIBLE »
Walter Lippmann, auteur de la formule « fabrique du consentement », écrit dans son livre Public opinion « que la démocratie a vu la naissance d’une nouvelle forme de propagande, basée sur les recherches en psychologie associées aux moyens de communication moderne. Lippmann mettait en doute la capacité de l’homme moderne à se déterminer avec sagesse et préconisait que les “élites savantes” assainissent l’information avant qu’elle n’atteigne la masse. » (citation extraite du monumental et extrêmement documenté Nouvel Ordre Mondial démasqué de Cyril Leysin, pp. 580-581) Il convient donc de méditer le constat élogieux que fait l’émission Secrets d’histoire quand elle déclare que Nelson D. Rockefeller est « Un des pères fondateurs de l’Amérique moderne ». 
« La manipulation consciente, intelligente, écrit Edward Bernays dans Propaganda, des opinions et des habitudes organisées de masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. » Ce ne sont pas les moindres exploits d’Edward Bernays, qui savait de quoi il parlait, que d’avoir imposé, au profit des producteurs de viande, le bacon au petit déjeuner des Américains (avec le renfort d’acteurs et de modèles jouant le rôle de médecins) et d’avoir incité une nouvelle catégorie de consommateurs à la tabagie après la deuxième guerre mondiale : les femmes. Il n’est pas téméraire d’avancer que la plupart des bouleversement des habitudes sociales qui ont eu lieu au XXe siècle ont été téléguidés par des organismes de propagande et de “communication”, commandités soit par des lobbys, soit par des réseaux de pouvoir occulte (dont les noms ne sont pas inconnus pour autant : Council for Foreign Relationships, Cercle Bilderberg, Forum Économique Mondial, etc.). L’association de l’idée de propagande et de manipulation des masses avec l’idée de démocratie peut sembler a priori paradoxale, c’est parce que le mot de propagande allait peu à peu être remplacé en occident par les expressions « relations publiques » et autres euphémismes, pour réserver le mot propagande aux régimes ennemis. C’est d’ailleurs Edward Bernays et non Joseph Goebbels qui est l’auteur de la fameuse formule : « Plus c’est gros, plus ça passe. » Du reste, d’un point de vue strictement pragmatique, dans des régimes “démocratiques” – c’est-à-dire : où le peuple choisit par le vote le visage de ceux qui semblent gouverner – où le pouvoir est de plus en plus centralisé, la création de ces instituts de manufactures du consentement se comprend : autant rendre les gouvernés aussi prévisibles que possible… pour leur imposer progressivement un « Nouvel ordre mondial » dont le projet est déjà au moins centenaire, n’en déplaise aux “vérificateurs de faits” (pour qui les guillemets tiendront à jamais lieu de lauriers suffisants) financés par l’USAID. La pierre inaugurale de cette opération de propagande tient dans le concept absurde et bluffant de « peuple souverain ». Or on ne saurait, comme le dit René Guénon, à la fois gouverner et être gouverné. 

/À SUIVRE/

1. odysee.com/@marcel-d:3/marcel-s-occupe-de-bill-gates-et-de-l:e ethealthimpactnews.com/2020/is-w-h-o-director-tedros-a-terrorist-global-ties-to-bill-gates-clinton-foundation-dr-fauci-china-and-genocide/?fbclid=IwAR35WUUy4DYJZMu_yPtpIVSXD-oJMw8_4gwvAdiT1Nd1h-qVxiBwEEpgZPc

2. Selon l’émission instructive quoique mal nommée Secrets d’histoire, la fortune de John D. Rockefeller représentait l’équivalent de celles des quatre plus grandes fortunes en 2013. 

3. Si la pratique de la médecine jusqu’au début du XXe siècle pouvait aussi fournir un terrain au charlatanisme et à l’escroquerie, qui étaient d’ailleurs la première spécialité de John D. Rockefeller, que dire de la médecine moderne, élevée au rang de quasi-monopole, dont les compagnies pharmaceutiques produisent elles-mêmes les études des produits qu’elles mettent sur le marché, où les patients captifs servent de sujets d’expérimentation, aboutissant en 2021 à l’injection contrainte d’un produit inconnu et expérimental, sous les encouragements des gouvernements du monde libre enjoignant les populations à « croire en la science ». « Aie confiansssse » chante, dans Le livre de la jungle, le serpent, candidat à remplacer celui du caducée. 

Présentation www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=GBc2dhjlWj0&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2Fsearch%3Fsca_esv%3D2d5348eba94113d1%26rlz%3D1C5CHFA_enBE783BE784%26sxsrf%3DAE3TifOLy2fzfJ5xrCa0N476Rx72QSCAQg%3A1749300&source_ve_path=MjM4NTE

Le langage bénéficie tout particulièrement des organismes d’ingénierie sociale, tout particuièrement la langage qui touche à tous les aspects de la vie politique et sociale :

https://www.publier-un-livre.com/fr/le-livre-en-papier/3504-toxicologie-du-langage?fbclid=IwAR3j4xI4mFPvfN6R8VT1JMSko3aPbtB9B4ZsiXnSGGfREk0wixvNtYx4PBc

LE DÉMON À L’ENDROIT #4 : RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE ?

En arrivant à la gare de Saint Pancras, à Londres, on est accueilli par cette sculpture de 9 mètres de haut intitulée The meeting place (point de rencontre), œuvre de Paul Day.
Elle produit une impression déconcertante. Les deux personnages sont déifiés  par leur taille, le piédestal et leur visage mutant. En revanche, leurs vêtements, le sac à dos que porte l’homme suggèrent qu’ils évoluent dans un environnement urbain tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Un examen plus détaillé de la sculpture, et de la frise sur laquelle elle repose, ajoutée en 2008, permet de comprendre les intentions, sinon du sculpteur (qui a le mérite d’être un véritable artiste et non d’une boîte à idée humaine confiant la réalisation des ses fulgurances à des ateliers), du moins de ses commanditaires. 

Le couple présente des traits qui ne sont plus tout à fait humains. Ils dominent tels des demi-dieux sur une humanité égarée dans les labyrinthe que sont les couloirs de métro, les gares, les stations, pris dans un mouvement perpétuel et vain (j’y reviens un peu plus loin). L’accentuation de leur profil évoque à la fois certaines représentations antiques de l’humanité, les situant entre le plan terrestre et le plan divin, et la possibilité d’une mutation future, qui est un fantasme scientiste assez récent. Le mythe nietzschéen du surhomme établit une hiérarchie entre l’animal, l’homme et le surhomme, le dernier étant le résultat spirituel de la volonté individuelle de l’individu souverain débarrassé de Dieu. En revanche, depuis les premières intuitions de la génétique, les espoirs scientifiques d’une l’humanité ayant perdu la conviction de son âme immortelle se sont déplacés, du fantasme prométhéen de recréer la vie, à celui du contrôle total de la vie biologique… et de la mort, jusqu’à faire de l’humanité même une matière modelable à merci ; tout cela, bien sûr, au profit des puissants, de ceux dont la situation hyper-privilégiée les range à leur propres yeux dans une catégorie supérieure à l’humanité ordinaire.

La frise témoigne d’une véritable maîtrise artistique : effets de mouvements de foule, illusions d’optique produites par des perspectives horizontales et verticales exagérées, suggestion du ciel (lumière au bout du tunnel ou du couloir ?) de l’asservissement au travail bureaucratique ou à la machine, expression d’un grand égarement : l’impression d’ensemble est particulièrement désolante.
L’humanité y est agglutinée dans les rames de métro, enchaînée aux objets fétiches de son asservissement (téléphone, porte-document), réduite à des souris dans un labyrinthe, envoyée par train à la guerre ; cette note anachronique fait écho aux jeux de perspectives à la Escher : même la dimension du temps est un labyrinthe. Le sculpteur, se livre à d’autres jeux de mots formels : face aux personnages ressemblant à des soldats partant au front, il en représente d’autres, soldats ou mineurs (reconnaissables à leur casque) semblant porter un cercueil, en fait un train du type TGV . L’œuvre est très inspirée, foisonnante, grouillant non pas de vie mais d’agitation, le tout au service d’une vision particulièrement sinistre de l’humanité. Le spectateur ne sait si elle a pour but de l’accabler ou de l’alerter…  Il semble que le destin de l’humanité ne la mène que vers le bas. L’utopie est un paradis terrestre réservé à une élite, une sorte de zone coupée du reste du monde, transformée de facto en enfer, ce dont la majorité de l’humanité ne se rend pas compte puisqu’elle y est née et n’a jamais rien connu d’autre.


Ici et là est suggéré le monde extérieur, le monde situé au dessus de cet enfer qui est la norme de l’humanité occidentalisée : le ciel, une rue en haut d’un escalier que descend un homme se rendant au bureau, gardée par une clocharde et son chien aux bajoues tombantes. Communication possible entre les deux mondes ?  

Le couple d’amoureux pris dans cette agitation est loin d’apporter une note d’espoir. Il n’est pas le pendant des deux géants sereins qui dominent la frise. L’homme nous tourne le dos, le regard dirigé vers sa droite, comme absent de sa propre étreinte, tandis que la femme qu’il tient dans ses bras regarde par-dessus son épaule l’écran de son smartphone. En effet, ce sont les yeux les visages et le regard des personnages de la frise qui les emprisonnent dans le monde matériel, dont ils ne perçoivent que les apparences, tandis que les yeux des deux amants du couple idéal, dépourvus de regard, ne sont pas vides, mais comme omniscients, capables de tout voir et savoir du monde extérieur et au-delà.

C’est ici que se confirme la thématique démoniaque de cette œuvre qui représente l’accomplissement du fantasme transhumaniste, du contrôle de l’humanité et de l’existence : l’homme s’est mis sur un pied d’égalité avec les dieux, selon la promesse du serpent, et domine l’humanité ordinaire enfermée dans des tunnels, égarée, hagarde, hypnotisée, ne communiquant plus que par écrans interposés. Cette vision dystopique est-elle si éloignée de notre réalité ?  

LE DÉMON À L’ENDROIT #3 : LE GÉNITEUR DU BÉBÉ DE ROSEMARY

Ma dernière visite à Lille en septembre a été l’occasion de constater la présence, devant la gare Saint Sauveur, d’un bébé-démon géant rescapé de l’édition 2009 de l’exposition en plein air Lille 3000. Il faisait partie d’une série d’une dizaine de sculptures exposées dans le centre intitulé « parade des Anges et Démons ». Titre doublement trompeur. En effet, la douzaine de sculptures exposées dans la rue) n’étaient pas des anges et des démons mais des êtres « mi-anges mi-démons », ce qui est une aberration puisque le caractère hybride est un trait propre aux démons, non aux anges, qui sont des êtres purs. Qu’on en apprécie ou non les éventuelles qualités esthétiques, plastiques ou spectaculaires, l’art officiel dit contemporain, quand il daigne se faire figuratif, annonce de plus en plus clairement la couleur. Et cette couleur est assez sombre.


L’argumentaire du texte de présentation dissipe tout doute possible à l’entendement de qui sait voir et lire : « Réalisé par le collectif d’artistes russe AES+F, ce curieux bébé oscille entre ange et démon (1). Le Mal peut ressembler au bien et vice versa (2). Il incarne peut-être un nouvel âge (3). »
1. Oscille… Vraiment ? Il semble au contraire avoir rejoint « le côté obscur de la force ». 
2. « Ressembler »… est-ce à dire : « être confondu avec »… ? La confusion entre les notions de  bien et de mal s’installe en réduisant la vision du monde au point de vue individuel. Ce ne sont pourtant pas des points de vue individuels qui modifient les sociétés, mais des groupes organisés (institutions, lobbies réseaux occultes parmi lesquels les services secrets…). Se rappeler que l’art monumental est une émanation du pouvoir fournit une piste de réflexion non négligeable.
3. L’argumentaire semble suggérer que ce nouvel âge, cet âge de (con)fusion entre le bien et le mal, est aussi nécessaire qu’inévitable (ne pas oublier que cette rhétorique fataliste vient d’en haut). En ce qui concerne les affaires terrestres, seule la morale traditionnelle, conventionnelle dans le bon sens du terme, inspirée du droit naturel, est véritablement égalitaire. Tandis que cette “morale” ne peut en définitive que servir la loi du plus fort. Il s’agit depuis 2020 d’un fait accompli : l’arbitraire est assumé comme l’esprit et la lettre du pouvoir, qui a normalisé le viol du principe de consentement libre et éclairé, la persécution du peuple et la ségrégation. 

L’ENFANT MALÉFIQUE DANS LA FICTION
Ce qu’on implante dans l’imagination du public n’est pas innocent. Le thème de l’enfance maléfique, comme tout ce qui a trait au mal, avait été pris en charge par le genre fantastique. Dans la culture populaire, l’enfance reste un domaine protégé. Dans la science-fiction, quand l’homme crée la vie, il la crée déjà dans sa forme adulte (Frankenstein). Deux contre-exemples me viennent à l’esprit : le bébé créé par l’ordinateur central domestique dans Génération Protéus et le bébé, indirectement créé par la mort de l’ordinateur dans 2001, Odyssée de l’espace. Dans son essai malheureusement non traduit : Monsters from the id, E. Michael Jones explique que le cinéma horrifique est le lieu où remontent les questions interdites par la libération sexuelle : le refoulement du traumatisme de l’avortement dans Alien, la valorisation de la virginité dans les films de tueurs en série (notamment la série des slashers des années 80 Vendredi 13, jusqu’au récent Cabin in the woods, qui reprenait de manière roublarde les codes du genre) où la survivante est toujours celle qui a préservé sa vertu, comme dans Halloween de John Carpenter (1978). En fait, le thème du bébé maléfique ne s’inscrit pas tout à fait dans le cadre de cette contestation indirecte et imagée de la révolution sexuellet ; pourtant, il vient contester le principe rousseauiste selon lequel l’homme naîtrait bon et serait corrompu par la société, postulat qui entraîne la négation de la responsabilité individuelle et la nécessité de réformer la société, de peur que la liberté individuelle ne transforme celle-ci en champ de bataille ; mettre l’humanité en coupe réglée est le programme des utopies : vouloir le bien de l’homme contre son gré.
On trouvera des exemples notables de l’enfance maléfique dans le fascinant Tour de l’écrou de Henry James (récit volontairement ambigu qui laisse le lecteur dans l’incertitude quant à la question de savoir si tout s’explique par l’action maléfique des enfants ou par l’hystérie de leur nurse), Rosemary’s baby, où il est question de l’enfantement du fils du diable ou The Middwich cuckoos (Le village des damnés en français), où les enfants maléfiques ont été conçus par une force invisible, probablement extra-terrestre après que le village a été totalement coupé du monde pendant une nuit.
Quand le cinéma fantastique et horrifique, heureusement très avare en représentations de meurtres d’enfants, déroge à cette règle, il fait en sorte de le justifier : Le petit frère lancé d’un hélicoptère dans dans The body snatchers (Abel Ferrara, 1993) a déjà été remplacé par les graines extra-terrestres. Le spectateur comprend très bien que cette créature n’a de l’enfance que l’apparence. Dans Dawn of the dead (Zack Snyder 2004), remake du film de George Romero (1978), une femme mordue par un zombie finit par accoucher d’un bébé mort-vivant, trouvaille audacieuse dans un remake réussi et parfaitement pessimiste où l’anthropophagie de l’original est édulcorée, mettant en évidence le thème de la transmission épidémique.

AGRESSION DE L’ENFANCE
Dans le monde réel, matérialisant des peurs que même le cinéma horrifique n’avait que rarement affronté, c’est la politique qui pervertit le thème de l’enfance :
– En l’assimilant à une forme de parasitisme qui ne peut être combattu qu’en refusant de procréer, selon certaines mouvances « écologiques » (les guillemets se justifiant ici par le fait que cette mouvance semble se préoccuper davantage de polluer des environnements mentaux que de protéger l’environnement naturel) ;
– En la sexualisant, sous prétexte de la protéger par l’enseignement du principe de consentement sexuel, alors que tout principe de consentement a été confisqué aux adultes, à commencer par leur droit à élever leurs enfants comme ils le veulent (1)
Mais il ne faut pas voir de contradiction avec le négationisme du sexe biologique appelé théorie du genre (dont la menteuse Najat Vallaud-Belkacem avait déjà nié l’existence tandis qu’elle entrait dans les manuels scolaires).

NUNUNU
Le mensonge principal de la publicité est de faire croire qu’elle vend des produits alors qu’elle distille une idéologie. Cette convergence des luttes nihilistes était déjà assumée dans le film publicitaire pour la marque israélienne de vêtements « non genrés » pour enfants Nununu, promue par la chanteuse Céline Dion (2)… Le message du film publicitaire est parfaitement explicite : Un des premiers plans montre Céline Dion dans un taxi tandis que sa voix off dit le texte suivant : « “Nos enfants”, ils ne sont pas vraiment nos enfants… ils sont des chaînons faisant partie d’une chaîne infinie qui est la vie… » Cette
« chaîne de la vie » n’est qu’une manière détournée d’évoquer l’annulation des prérogatives parentales naturelles (qui était déjà à l’œuvre dans la prétendue école gratuite et obligatoire, qui était en fait une décision maçonnique visant à limiter l’influence du christianisme sur les nouvelles générations).
Arrivant dans une salle de maternité où les bébés sont répartis entre aile bleue pour les garçons et aile rose pour les filles, Céline Dion souffle sur eux une poussière étincelante et noire qui métamorphose leur environnement : les bébés ne portent plus que des vêtements noirs frappés de motifs blancs ou inversement : grenouillères à motifs d’étoiles noire, de croix carrées inscription en majuscules et caractères gras NEW ORDER… 

Il se pourrait que dans leur désir manifeste d’éviter la mièvrerie propre aux produits liés à la petite enfance, les deux créatrices de la marque israélienne, respirant la joie de vivre : patibulaires et habillées de noir, soient « passées du côté obscur de la force ». La vision qu’elles projettent de l’enfance est dépressive, sinistre et totalement vidée de toute vitalité. L’avenir est sombre, pour ne pas dire ténébreux. Un coup d’œil à leur ligne de vêtements permet de se faire une meilleure idée: même un tee-shirt frappé du slogan DO NOT TOUCH (ne pas toucher) met mal à l’aise ; le slogan est accusateur (c’est le propre des victimes n’ayant pas identifié leurs véritables agresseurs de les voir partout ; serait-ce le cas de Iris Adler et Tali Milchberg, les deux stylistes de la marque ?).

Ce prêt-à-porter se fait le complice d’une idéologie mortifère, toxique, et fourbe, qui en revendique du droit à l’affirmation d’être soi – mythe de l’individu sui generis, coupé de toute filiation, portée par le lobby LGBT – prétend que la castration chimique et la mutilation chirurgicale. Comme l’explique Lucien Cerise dans Neuro-pirates, cette idéologie est l’avant-garde du transhumanisme, idéologie scientifictionnelle du perfectionnement de l’homme par l’homme, c’est-à-dire à la guerre contre le principe même d’humanité. 

  1. Rappelons que cette « éducation » perfide au consentement sexuel (énoncé qui comme le dit Ariane Bilheran est pervers du simple fait que les droits sont censés protéger contre les pulsions) intervient alors que les adultes sont dépouillés de leurs prérogatives ; pendant la période de malédiction confinementielle, un adulte ne portant pas de masque facial (médicalement inutile) dans une boutique pouvait se voir verbalisé, tout comme le propriétaire ou le gérant du commerce, cette mesure annulant de facto toute notion de responsabilité individuelle.
  2. Film publicitaire pour la marque Nununu : http://www.youtube.com/watch?v=StQXEe4bF2c&ab_channel=NUNUNU

LE DÉMON À L’ENDROIT #2

IL NE SERA PAS ICI DIRECTEMENT QUESTION DE DÉMONS. ENCORE QUE ON DIT BIEN QUE LE DIABLE EST DANS LES DÉTAILS… 

L’Antipresse, journal fondé par Slobodan Despot a publié il y a quelques semaines le premier d’une série de trois articles que j’ai écrits : Les démons et la vie ordinaire. J’y fais le constat de la multiplication des représentations démoniaques dans l’art monumental de ces dernières années pour m’interroger sur le sens et la nature de ce que pourraient être les démons aujourd’hui ; par « démons », j’entends : manifestations du mal ordinaire.
Ce n’est pas de cela qu’il sera question ici, mais de l’échange avec une des personnes de mon entourage – que j’appellerai X, par commodité – qui a lu mon article. 

Je connaissais l’orientation politique très marquée à gauche de X (clivage qui sert à détourner l’attention du seul clivage politique qui compte : mondialisme ou souverainisme, du moins si on se limite aux questions terrestres). Et je dois dire que sa réponse ne m’a pas déçu : 

J’espère que tu fais attention ou tu met les pieds, et ta plume – quel que soit notre bord politique, nos intentions aussi louables soient-elles et nos valeurs, nous vivons tous dans nos bulles de pensées. (1) […]
Concernant ton article, bravo pour le travail effectué. Je te rejoins complètement sur ton appréhension de l’art contemporain. […] Je n’arrive cependant pas à saisir ou tu veux en venir. Et si tu parles de démons d’apparence métaphorique ou au premier degré.
(2) 
Cela me pose question parce que ce manque de clarté permet à mon sens d’esquiver critiques, débats, et retours constructifs.
(3)

  1. Ce conseil de « faire attention où je mets les pieds » ne venait pas d’un vétéran inquiet de me voir prendre une voie sur laquelle il se serait brûlé les ailes, mais d’un jeune homme de vingt ans de moins que moi… Si la critique n’est pas une affaire d’âge, la condescendance doit pouvoir justifier d’une supériorité objective. J’étais évidemment surpris que son message commence par une mise en garde, signe d’une personnalité ayant une haute opinion d’elle-même, trait assez courant pour ne pas dire constitutif de la mentalité gauchiste – que je distingue toujours de la mentalité des gens de gauche honnêtes que peuvent être Jean-Claude Michéa, Étienne Chouard ou la valeureuse Tatiana Ventôse ; mais précisément, ces gens-là inspirent la plus grande méfiance à la gauche radicale  (ou révolutionnaire). 
    X attirait ensuite mon attention sur un passage dans un autre article du même numéro, où l’écrivain Éric Werner évoque Renaud Camus et la théorie du grand remplacement (sans la condamner, comme voudraient qu’on le fasse ceux qui déplorent les théories dont il chérissent les pratiques). X soutient LFI, qui milite nettement pour la créolisation de la France ; dans ces conditions, contester le phénomène de remplacement, c’est manifester la double pensée définie par George Orwell : le cerveau gauche ne voit pas ce que fait le cerveau d’extrême gauche en quelque sorte. Qu’on approuve ou non la transformation des populations occidentales qui a lieu depuis quelques décennies, il faut être malhonnête pour l’interpréter autrement que comme le résultat d’une volonté politique (nationale ou supra-nationale). Les pays qui veulent contrôler leur immigration l’ont toujours fait. 
  2. Je n’évoquais l’art contemporain dans mon article que pour dire qu’à travers lui nous avions affaire à un art officiel qui ne dit pas son nom et que la prolifération de représentations démoniaques posait la question de la nature du pouvoir qui les promeut, les finance, etc. et ce, que ce pouvoir soit public ou privé.
  3. X fusionne ici d’une curieuse manière son incompréhension avec l’intention qu’il me prête d’esquiver les critiques (il ne faut jamais négliger la puissance de frappe du procès d’intention).

    Cela dit, j’ai médité ma réponse de manière à pouvoir éviter les pièges ; le premier étant de ne pas tomber dans le débat sur les petits, grands ou moyens remplacements :

    Merci de t’inquiéter mais je sais où je mets les pieds : après tout, ce sont les miens et j’y fais très attention. Comme tu le remarques judicieusement, ce n’est pas moi qui ai écrit l’article d’Éric Werner, alors je ne sais pas quoi te dire…
    L’art contemporain est creux je suis bien d’accord, mais ce n’est pas du tout mon propos, qui est  la question du sens produit par l’art monumental. Je ne comprends pas « démons d’apparence métaphorique » […]. Les sculptures dont je parle sont des représentations. De quoi ? C’est précisément l’objet des parties 1/3, 2/3 et 3/3. 

X a beau être un jeune homme plutôt placide et d’apparence tout à fait inoffensive, son opinion était faite. Sa rectitude ne souffrirait aucun éclaircissement :

Participer à un journal publiant des sophismes honteux me parait juste peu rigoureux. [Ta participation] m’inquiète, en vérité. Connaissant le terme de grand remplacement de Renaud Camus et l’ayant vu mainte et maintes fois se faire débunké (sic) en quelques secondes, connaissant à quel point il sert la propagande climato-sceptique, raciste, et confusionniste, et le repli sur soi idéologique j’avoue être simplement choqué de te voir publier dans un journal qui ose le citer. Pour en revenir à ton texte, je n’en saisis pas le fond. Quel est ton propos ?  Penses-tu que les institutions ont des liens directs avec les démons ? Qu’il y a une forme d’art satanique en place en France et dans le monde ? 
Le fond de ton propos n’est à mes yeux pas lisible. Et je ne peux donc en dire grand chose pour l’instant.

X se doutait bien que je ne savais pas d’avance quel serait le contenu des autres articles mais surtout, il semblait présumer à le fois que mes décisions suivaient sa ligne de conduite (ce que suggérait son avertissement liminaire) et déplorer qu’elles ne la suivent pas. J’étais pris dans sa « bulle de pensée ». L’expression de son inquiétude avait de quoi surprendre et suggérait que ce qu’il pensait de mon article devait m’ouvrir les yeux… 
Je le reconnaissais là, le petit démon politique vétilleux et hargneux qui depuis des décennies fait de la vie intellectuelle une antichambre de l’enfer… Allais-je me fatiguer à lui expliquer que les mots climato-sceptique, raciste, et confusionniste étaient des insultes et non des arguments ? Quant au « repli sur soi »… 

Ma manière de voir les choses est radicalement différente de la tienne…
L’inquiétude dont tu me fais part… qu’en faire ? 
Tu désapprouves ma décision d’être publié dans ce journal. Ça te surprendra peut-être : mon but dans la vie n’est pas d’éviter de décevoir les gens. Le voisinage de l’article d’Éric Werner avec le mien correspond exactement à l’idée que je me fais de la diversité intellectuelle. […]
Me demander de m’expliquer sur mon article dans son ensemble est une demande exorbitante ; si tu as des questions sur des passages précis, j’y répondrai volontiers. Cela dit, relire, c’est toujours bien.
 
Inutile de dire que j’ai bien l’intention de proposer d’autres articles à Slobodan Despot. 

Des semaines ont passé. Pas de nouvelles.
Je frémis en pensant à ce qui se serait passé si j’avais essayé de m’expliquer… 
Mais surtout… Je ne sais toujours pas ce que sont des « démons d’apparence métaphorique ».

LE DÉMON À L’ENDROIT #1


L’APPARITION DE FIGURES DÉMONIAQUES DANS LES GRANDES VILLES EST-ELLE INNOCENTE ? LES IMAGES NE SONT-ELLES « QUE » DES IMAGES ?  

C’est en deux temps que j’ai découvert cet affichage recouvrant le bâtiment voué à devenir le futur centre Canal Pompidou. Venant de l’autre côté du canal de Bruxelles, situé hors champ, un peu plus loin à gauche sur la photo, j’avais remarqué que l’image de ce paysage volcanique (c’est ainsi que je l’ai perçu d’abord) ne comportait pas de texte : pas de marque, pas de slogan. Il ne s’agissait donc pas de publicité. Du moins, pas de publicité commerciale. J’étais à vélo sur cette artère au trafic dense et il a donc fallu que je m’arrête pour mieux voir la figure dont je n’avais vu que le bout d’une aile.  

Pas de marque, pas de logo, pas de slogan, donc, mais un visage. J’étais au courant de la reconversion du bâtiment Citroën… il ne fallait donc pas être grand clerc… Un ange déchu, un démon. Gigantesque. Conquérant Il semble déterminé à partir à la conquête du monde, tel un nouveau Rastignac. Je n’étais pas surpris, il s’agissait d’une nouvelle sorte d’épiphanie. Ce n’était pas la première, ce ne serait pas la dernière (ceci est le début d’un feuilleton). 
Une fois rentré chez moi, le site de Kanal-Centre Pompidou allait m’en apprendre un peu plus. Comme je m’en étais douté, la personne représentée en  démon n’était autre que l’artiste lui-même, Tarek Lakhrissi, qui dans l’interview de présentation de son œuvre, parle des anges de la série Angels in America et des Ailes du désir, sans expliquer la conversion automatique qui s’était faite dans son esprit en la figure de l’ange déchu. (www.youtube.com/watch?v=awr_uoqi38g). J’attire l’attention des lecteurs sur le fait que certains artistes ont avoué le plus sérieusement du monde avoir vendu leur âme au diable en termes plus ou moins couverts : Bob Dylan, Johnny Halliday (d’après un témoignage certes indirect), Katy Perry (www.youtube.com/watch?v=yDM7D1teDco&ab_channel=EndTimeChristian), et que nombre de personnalités du spectacle et de la culture sont photographiées arborant des signes occultes (œil unique…), dont les implications doivent être étudiées.
« En tant que personne de couleur, déclare Tarek Lakhrissi, je ne voulais pas me cacher derrière quelqu’un d’autre et demander à quelqu’un de le faire pour moi. » 

Une autre œuvre de Tarek Lakhrissi : The evil part of me is laughing (« La part maléfique de moi rit ») – Galerie Nicoletti, Londres, automne 2024.

Voici un extrait de la présentation de l’œuvre RISING sur le site Kanal : 

RISING (1), l’œuvre de Tarek Lakhrissi commandée par KANAL-Centre Pompidou pour la série FAÇADE, explore (2) la force de la représentation et de la narration dans l’expérience de vie des personnes queer non blanches (3). Pour ces communautés (4), qui défient les normes de genres, d’orientations sexuelles et le racisme structurel (5), la représentation dans le cinéma, la musique, les jeux et la culture numérique a une valeur émancipatrice (6). L’échange avec des personnes partageant les mêmes idées (7) et expériences favorise un sentiment de fierté (8), d’appartenance et de solidarité (9). Un processus essentiel pour se frayer un chemin parmi les récits traditionnels et imaginer des alternatives. […] Le protagoniste [de RISING] – un avatar d’ange (10) – symbolise l’incarnation d’une divinité sur terre (11). 

1. Ce ne sera pas ici la dernière des inversions opérées. Rising signifie « le fait de s’élever ». C’est tout naturellement que ce mot devient le titre d’une œuvre représentant un ange déchu. Soit il décrit une inversion, soit il suggère ce qui se passe après la chute. Dans l’Ancien Testament, l’archange Lucifer, après avoir défié Dieu, est tombé sur terre pour corrompre l’âme des mortels avec l’aide de ses légions d’anges rebelles : les démons. 
2. L’art officiel dit contemporain « explore », « interroge », « questionne ». Il ne fait rien à la légère. Mais surtout : il expose son programme à l’intention des profanes et des simples d’esprit.
3. À rebours de l’universalisme, cette compartimentation de l’humanité occidentale en catégories (dont le tiers exclu est toujours le mâle blanc hétérosexuel) opère, ici de manière tout à fait cohérente, selon une tactique de division (qui est l’étymologie du mot diable : qui coupe la course du bolide, en grec ancien : qui désunit, qui inspire la haine ; vient de diaballein, qui signifie jeter  (ballein) en travers (dia) ou jeter entre) en vue de l’opposition non-dite contre un ennemi commun. La méthode éprouvée par Tullius Detritus dans l’album d’Astérix La zizanie continue à faire ses preuves. 
4. Communautés représentées par des associations victimaires extrémistes, usurpatrices et ventriloques. 
5. Rendons hommage à l’adversaire : la mise devant le fait accompli est toujours infiniment plus efficace que l’imposition progressive par l’argumentation, surtout quand l’illusionnisme s’impose. Notons tout de même que la compartimentation de l’humanité réalise ce “racisme systémique”, qui aura dès lors toujours existé en germe. Le narcissopathe a toujours raison. 
6. Une fois qu’on a décidé qui est opprimé : ceux qui se définissent ainsi, il devient plus facile de déterminer qui a besoin d’être « émancipé ». Quant à l’équivalence entre représentation et émancipation, elle va de soi. Il s’agit là d’une forme subtile, classique et efficace d’intimidation. Si vous ne comprenez pas le raccourci, vous faites partie du problème.
7. L’argumentaire se hasarde ici à une déduction  qu’on n’a le droit de faire que si on n’est pas raciste : la corrélation entre couleur de peau et mode de pensée. 
8. Fierté compatible avec l’idéal certes flou (et on comprend pourquoi il a intérêt à le rester) d’égalité. 
9. Pour bénéficier de cette solidarité, il faut faire partie d’un club. 
10. La confusion est naturellement entretenue entre l’ange et l’ange déchu (le démon), la confusion entre le bien et le mal (j’y reviendrai dans un autre article). 
11. Curieux retour du paganisme via l’art officiel dit contemporain… 

Il faut envisager que ce « récit », cette fiction imaginée en haut lieu est un mensonge qui dit la vérité et que si vous n’y croyez pas, on y croit pour vous. Ce ne sont que des mots, mais cela ne doit pas nous faire oublier que ce sont les mots du pouvoir. De sa branche récréative, certes, mais du pouvoir quand même.