EYES WIDE SHUT VS NORTH BY NORTHWEST (1)

Dans le passionnant documentaire cinéphilosophique The pervert’s guide to cinema, le philosophe Slavoj Zizek revient sur le premier Matrix, imaginant, en plus de la pilule bleue, qui permet de retourner dans l’illusion réconfortante de la matrice et la pilule rouge, qui permet de percevoir la réalité au-delà de la fiction générée par la matrice, une troisième pilule, qui permettrait de percevoir la réalité dans la fiction. Cette troisième pilule n’est pas de trop dans la caverne cinématographique, qui se contente trop souvent d’appliquer des pansements oniriques – certes industriels puisque Hollywood était appelée “l’industrie du rêve” – sur la jambe boiteuse de notre réalité. Dans ses entretiens avec François Truffaut, Alfred Hitchcock admet d’ailleurs que ses films obéissent à la logique de rêves éveillés, ce qui explique que ses films, comme ceux de David Lynch, contiennent tant de scène marquantes, et aussi que les “invraisemblances” passent en raison d’un fonctionnement qui obéit à une logique interne. Le film de Stanley Kubrick Eyes wide shut est l’adaptation d’une nouvelle d’Arthur Schnitzler intitulée La nouvelle rêvée (Traumnovelle). Même si elle prend forme de manière tout à fait différente dans ces deux films, la dimension onirique n’est pas la seule chose qui les relie. 
Ceci n’est pas un essai de cinéphilie, mais une déambulation dans les intersections entre ces espaces mentaux et le nôtre, dont nous désignons une des dimensions sous le nom de réel

LA RÉALITÉ RÊVÉE… PAR QUI ?
L’art de raconter des histoires a beau participer aujourd’hui de ce qu’on appelle la civilisation mercantile et vampirique du divertissement, ce n’en est pas moins une fonction vitale. Imaginons seulement quelle sorte d’adultes seraient des personnes incapables de comprendre que l’acteur n’est pas le personnage qu’il joue, d’envisager qu’un livre leur parle d’autre chose que ce que requièrent leurs besoins immédiats, comme le ferait par exemple un mode d’emploi… Ces personnes seraient des sortes d’infirmes :  « Retirez, annonce encore Zizek dans The pervert’s guide to cinema, les fictions symboliques qui constituent la trame du réel, et vous perdez le réel lui-même »… 
Si les incohérences apparentes et les coïncidences qui parsèment La mort aux trousses ne constituent aucunement une gêne, c’est parce que le récit assume le parti d’une fantaisie voisine du rêve et de la comédie (incarnée dans le choix de l’acteur Cary Grant, pourtant tout à fait capable de camper des personnages inquiétants), ce qui ne désamorce pas les scènes de suspense, traitées avec le plus grand sérieux. Il y a aussi que si l’idée centrale du film, la fabrication d’un agent chimérique par les services secrets pour mener l’ennemi sur une fausse piste, a beau ressembler à une géniale trouvaille de fiction, elle est empruntée à la réalité du contre-espionnage, c’est-à-dire aux arcanes des services secrets
Roger Thornhill (interprété par Cary Grant) travaille dans la publicité – activité dont il affirme au début du film qu’elle ne connaît pas le mensonge mais seulement l’exagération. Inversement, Edward Bernays, l’inventeur de la propagande commerciale et d’entreprise (privée comme publique) a toujours reconnu que les termes, inventé par lui de Relations publiques était un euphémisme pour : manipulation des désirs en vue de leur exploitation industrielle. L’industrie du rêve est aussi une industrie libidinale, où le plaisir sert à anesthésier la sensation de manipulation. 

INGÉRENCE DE LA CIA DANS L’INDUSTRIE DU RÊVE
À la suite d’une méprise Thornhill est pris par les “méchants” pour un certain George Kaplan l’agent travaillant à démanteler leur réseau. Après un kidnapping et une tentative d’assassinat, Thornhill, accusé de meurtre sous l’identité de Kaplan, n’aura de cesse de retrouver le véritable Kaplan afin de se tirer de ce mauvais pas. Or George Kaplan n’existe pas, c’est une fiction inventée par les services secrets afin de détourner l’attention du véritable agent qui travaille sous le nez de leur cible, Vandamm (James Mason) et dont l’identité n’est d’ailleurs que suggérée. 
La mort aux trousses ne nomme pas la CIA, anciennement OSS (Office of strategic services), créée en 1946, et pour cause : la CIA, qui supervisait les productions hollywoodiennes, serait intervenue pour que ce ne soit pas le cas. La manufacture du mensonge et de manipulation d’État – épaulée par l’Institut Tavistock en Angleterre – et l’industrie du rêve (éveillé) ont très vite travaillé main dans la main. Ainsi, un an avant La mort aux trousses, la CIA était intervenue dans l’écriture du film de Joseph Manckiewicz The quiet American, le détournant de sa fidélité au roman de Graham Greene pour idéaliser la peinture de l’action des services secrets américains en Indochine. Greene avait désavoué le film comme une œuvre de propagande américaine. 
Le cinéma ne s’avoue outil de propagande qu’en temps de guerre… Le prédécesseur de La mort aux trousses dans la filmographie de Hitchcock Les 39 marches, adapté d’un roman de John Buchan par lui-même, suivait déjà un quidam happé dans une histoire d’espionnage et de trafic d’information. John Buchan avait, travaillé pour le Bureau de propagande de guerre à Londres, futur Institut Tavistock. Les relations incestueuses entre la tromperie d’État, sous l’étiquette de services secrets et contre-espionnage, et la fiction consistent entre autres à suggérer au public que les intérêts des États sont ceux des populations et que donc les services secrets, travaillent pour le bien de celles-ci. 
Dans La mort aux trousses, le nom UNITED STATES INTELLIGENCE AGENCY (Agence étasunienne de renseignement) apparaît sur une plaque de cuivre dans laquelle se reflète le capitole, semblant suggérer que l’esprit du pouvoir est dans la lettre et non dans lieu et donc dans les mains de ceux qui contrôlent le langage. Dans le jeu “démocratique” où les présidents et les partis se succèdent, les services secrets ne sont-ils pas la continuité du pouvoir ? 
Si on a la chance de voir La mort aux trousses au cinéma, on aura l’occasion d’apercevoir, lors de la mémorable scène de poursuite finale sur le mont Rushmore recréé en studio le haut du décor et même quelques projecteurs, un peu comme au théâtre, quand on s’amuse à lever le nez vers les cintres. L’exhibition furtive de la machinerie de l’industrie du rêve laisse effectivement quelque peu rêveur… N’oublions pas que dans la vie aussi, il suffit d’un pas de côté pour voir les ficelles des mensonges d’État, toujours cachés à la vue de tous, mais bien à la portée de ceux qui en ont la curiosité, car il ne saurait en être autrement, à condition d’avancer les yeux grand ouverts et de voir ce que l’on voit… 

ÉQUIVOCITÉ DES LIEUX ET DES ÊTRES
Censée se dérouler à New York, Eyes wide shut est presque entièrement tourné en studio en Angleterre. Tandis que dans LMT Roger Thornhill découvrait à son corps défendant la réalité des guerres occultes, Bill Harford (Tom Cruise) verra se lever un coin du voile des hautes sociétés secrètes et de leurs cérémonies évoquant les rites de prostitution sacrée de certaines religions archaïques. Alors que Thornhill se glisse dans la peau d’un agent chimérique, Harford, au terme d’une troublante déambulation dans les rues d’une New York de studio et dans les mystères conjugaux, devient invisible sous un masque et une cape. Depuis le début, tous deux sont à leur insu exposés par le pouvoir occulte (le contre-espionnage et la société secrète).
Les deux films nous l’apprennent très vite : la femme aimée entretient des liens ambigus avec l’ennemi occulte :  dans LMT, Eve Kendall porte secours au fugitif Thornhill dans un train, tout en communiquant par billets avec le camp du mal tandis qu’un des premiers plans de Eyes wide shut, présente la femme de Bill Harford (Tom Cruise) révélant sa nudité en faisant tomber sa petite robe noire sur ses chevilles, créant une association avec les vestales nues de la scène de l’orgie qui apparaîtront plus tard dans le film et se dénuderont autour du maître de cérémonie, en faisant tomber la cape qui les couvre. 

Les deux films révèlent un déséquilibre du couple amoureux : pendant leur première étreinte, la caméra surprend un regard de côté sur le visage d’Eve Kendall, révélant sa duplicité (il précède l’annonce au spectateur que Eve Kendall transmet un message aux ravisseurs de celui qu’elle prétend secourir). Lors de son étreinte avec son mari, le regard d’Alice Harford est dirigé vers son reflet dans le miroir ; le spectateur ne peut que se demander quelles sont les forces qui la contrôlent. Précisons que tant Alice au pays des merveilles que Le magicien d’Oz sont des éléments constitutifs de la programmation MK Ultra mise au point par la CIA pour créer des agents doubles, idéalement inconscients de leurs changement d’état de conscience. À la soirée de Ziegler, ce sont deux jeunes mannequins qui tentent de séduire Bill Harford pour l’emmener de l’autre côté de l’arc-en-ciel (“over the rainbow”), comme au pays d’Oz. 
Dans LMT, Roger Thornhill finit par épouser une femme qui avait pourtant conspiré pour qu’il soit assassiné, tandis que dans EWS, en plus de la suggestion de sa duplicité, il se pourrait bien qu’Alice Harford fasse ou ait fait partie du groupe de servantes sexuelles du sérail…

Loin d’être un concours de circonstances, l’errance nocturne de Bill Harford, son mariage et son existence sont peut-être entre les mains d’agents des forces occultes. Signalons au passage que c’est entre deux colonnes blanches que se déshabille Alice Harford. 
Précisons ici que dans un environnement aussi contrôlé que le cinéma, les signes maçonniques – ou tous signes référant à des symboles ésotériques – ne sauraient être innocents. Dans la guerre spirituelle entre forces matérialistes et forces spiritualistes, dirai-je pour simplifier, la franc-maçonnerie se situe du côté matérialiste et de toutes les idéologies et courants religieux ambitionnant d’établir un paradis terrestre, une société idéale, qu’elle appelle, pour la galerie, bonheur ouamélioration de l’humanité. Avec la chute des régimes traditionnels et les révolutions modernes, cette guerre spirituelle – ou contre-spirituelle – a été rendue imperceptible à la majorité de la population occidentale libérée, égalisée, fraternisée. Pour simplifier, elle se répartit entre des familles de pensée croyant à la vie éternelle (christianisme, islam), et celles qui croient à un paradis terrestre retrouvé (judaïsme, religion dans laquelle le messie est censé revenir pour annoncer le règne du peuple juif dans un monde “pacifié”) mais aussi socialisme, qui est d’essence utopique), à l’accès de l’homme à la connaissance et à un statut divin ou proche du divin (gnose, transhumanisme), au progrès et à l’établissement du bonheur terrestre de l’humanité (humanité qui sera comprise dans un sens plus ou moins restrictif, car aux yeux de beaucoup d’idéologies, l’humanité n’est pas un genre, mais un club)… Autant de catégorie susceptibles de se recouper au gré des dogmes et des schismes divers… 
L’exploitation sexuelle est omniprésente dans EWS : le patron du magasin de costumes comme dans la nouvelle de Schnitzler, prostitue sa fille ; c’est elle qui souffle à Bill Harford la tenue adéquate à porter pour l’orgie rituelle ; le fait qu’elle est mineure suggère que la partie fine entre adultes consentants à laquelle on va assister n’est que le volet le plus présentable de ces cérémonies… Elles ont d’ailleurs lieu dans un château, du moins pour ce qui est de son aspect extérieur (car les scène intérieures ont été tournées dans un autre lieu) Mentmore Towers, construit par les Rothschild, dont il existe une réplique aux États Unis, qui est celle où a lieu la messe noire dans le film (décevant) de Roman Polanski The Gate. Dans La cité perverse, Dany-Robert Dufour écrit « On voit donc dans la richesse ostentatoire une subversion du modèle féodal par le capital, […] clairement indiquée dans Les 120 journées de Sodome par le fait que le château de Silling [appartient] au banquier Durcet. »
Anthony Frewin (qui était l’assistant de Stanley Kubrick sur le tournage) raconte d’ailleurs qu’un de ses amis, G. Legman lui a fourni pour le film beaucoup d’informations ayant trait aux sociétés secrètes et aux mœurs sexuelles dans la Vienne de Schnitzler et a aussi envoyé beaucoup d’illustrations sur des rituels secrets et des messes noires au XIXe siècle. 

/À SUIVRE/

PAR DÉMONS ET PAR VAUX

J’approche de la moitié de La montagne magique (édition de 765 pages, pas celle de poche, qui en compte plus de 1000) et voilà près de deux cents pages que mon enthousiasme du début est tenu en respect. C’est que sans que le lecteur s’en soit rendu compte, Hans Castorp s’est mollement entiché d’une certaine madame Chauchat, dont tout le mystère tient –la révélation n’en sera pas immédiate – à ce que ses yeux sont les mêmes que ceux d’un camarade d’école de Hans Castorp et encore : un garçon qui le fascinait pour des raisons assez fuligineuses et avec qui il n’a échangé que deux phrases. Cela commence à l’approche de la page 200 du roman et raconte ce qui mérite à peine d’être appelé tactique d’approche d’une femme mariée, puisque le sentiment de vague intérêt qu’elle inspire à Hans Castorp, qui ne lui vaudra (et par procuration au lecteur comme pris dans une interminable file d’attente) quasiment que de la voir d’un peu plus près, de la croiser sur un chemin de montagne, se trouve délayé sur pas loin de deux cents pages. 
J’aimais beaucoup dans les deux cents premières ce qu’avait d’anti-dramatique l’évocation de la maladie et de la mort : celle du grand-père, la toux d’un patient, la gaité du cousin Joachim, au sanatorium depuis cinq mois, qui raconte qu’on fait descendre les morts par bobsleigh, ce qui suscite un fou-rire à Hans Castrop, peut-être le dernier de sa longue vie… mais voilà qu’au lieu de creuser la singularité de ce point de vue l’auteur s’y laisse entraîner comme dans une ornière. Il y a eu aussi un chapitre particulièrement fastidieux où le narrateur, même pas un des personnages, pérore interminablement sur l’anatomie, mais l’anatomie de personne en particulier, sans en exprimer quoi que ce soit de bien inattendu. C’est que pour Thomas Mann, il n’y a rien au-delà des phénomènes physiques, comme si c’était la seule vie qu’on puisse trouver au-delà de la vie.

RÉALITÉS PARALLÈLES
Décidément, en ce qui me concerne, les romans qui ne racontent pas une histoire doivent moins compenser cette lacune par le style ou par l’humour. Dans La recherche du temps perdu, Proust met dans ses évocations une précision qui nous rend très proche, presque à portée de la main et de tous les sens tout ce qui tombe dans le champ d’observation de son narrateur, dont les mouvements internes donnent lieu à une météorologie très précise – parfois trop, au point d’être chichiteux, mais c’est le propre des écrivains qui ont une personnalité artistique, c’est-à-dire du style, que de nous présenter aussi les qualités de leurs défauts… D’autant que cette météorologie est directement en prise, puisque il s’agit d’une sensibilité et d’une attention exacerbées, avec le monde immédiat, quand bien même celui-ci se manifeste sous la forme de conversations ou d’anecdotes rapportées, des souffrances involontairement infligées au narrateur par ceux qu’il aime. 
Je comprends depuis que j’aime Balzac, pourquoi Proust l’aimait : c’était comme lui une sorte d’invocateur grâce à qui le lecteur se trouve en compagnie pas forcément meilleure, pas toujours meilleure, mais plus intéressante que tout ce qu’il sera susceptible de trouver hors texte, dans la vie ordinaire, où peut manquer cruellement un interprète pour traduire en une sorte de réalité verbale le désordre des impressions immédiates et des perceptions. Dans La montagne magique, les personnages n’ont qu’une seule dimension. Madame Stoehr n’existe que par les confusions, les cuirs qu’elle opère entre certains mots (un grand thème comique chez Proust, qui – on ne le dit pas assez – est souvent très amusant). De Settembrini, on ne connaît que les idées, et la tendance à la péroraison désincarnée, aucunement le type d’existence qu’elle suggèrent et dont elle pourraient être, même de manière contradictoire, comique ou pathétique, l’aboutissement plus ou moins constant et cohérent. Settembrini est un des deux produits de contrebande qui fournissent à cette montagne sa réputation de « roman d’idées » mais précisément, on ne fait pas un roman avec des idées. Un roman d’idées. C’est peut-être un roman où il n’y a que des idées… 
Dans des romans très courts, Éric Laurrent, auteur contemporain lexicophile (il collectionne les dictionnaires), semble près de pasticher une certaine préciosité pour raconter presque toujours des histoires de rencontres de séductions et de conquêtes charnelles. Ce sont des romans écrits par un dragueur timide et discret (jamais le même mais il ne fait guère illusion : le motif est assumé) chez qui le désir se fond avec le style et pénètre ses conquêtes (je viens de relire aux pages 46 et 47 de son À la fin, un passage très amusant où son élégance fait que même quand il raconte des séances de masturbation accidentelle à l’orée de la puberté, il est toujours innocent). 
Il y a au moins un « roman » ennuyeux que j’aime et conserve précieusement. Il s’agit du Grand incendie de Londres, de Jacques Roubaud? De roman, c’en est à peine un et ne s’appelle roman que pour des raisons qui tiennent autant à la pratique commerciale telle qu’elle se fait en matière littéraire, ou ce label est plus vendeur, comme on dit, qu’à la confusion que l’inflation de l’égo a favorisé dans tous les domaines de la vie artistique dès le tournant du XXe siècle.
J’aime, de ce grand incendie, l’immensité de la précision microscopique avec laquelle il fait exister les circonstances, l’espace, son bureau, manifestement pour ne pas affronter un deuil que l’écriture rendrait inéluctable, pour ne pas se séparer du chagrin, de peur qu’une fois celui-ci partie, il ne reste rien de la compagne défunte alors qu’au contraire, une fois la page du chagrin tournée, il resterait bien plus : la morte non plus tenue à l’écart par le chagrin comme une revenante forcément obstinée, mais l’absente, réunie avec le vivant dans un phénomène presque plus spatial, physique, que psychologique.

SYNCHRONICITÉS
Le choix du titre de cet article a à voir avec ce que Jung appelle la synchronicité. Il y a un peu plus d’un an, j’avais emprunté Les démons de Dostoïevski (puisque le sujet m’intéressait et que je ne savais pas encore qu’il donnerait lieu à une série de trois articles dans l’Antipresse) à la bibliothèque d’Ixelles. M’étant promis de l’acheter s’il me plaisait (puisque je n’avais lu jusqu’alors qu’un quart des Frères Karamazov, et de L’idiot), j’avais décidé d’aller l’acheter à l’excellente librairie Tropismes qui offre le mérite supplémentaire de se trouver dans les merveilleuses galeries royales, et je ne sais plus pourquoi j’ai finalement traversé la rue pour gagner du temps et le chercher à la librairie Filigranes. Là, comme je musardais au rayon des sciences humaines, ayant posé mes Démons sur une étagère, j’ai entendu un jeune homme m’adresser la parole pour me recommander une autre traduction. Nous avons commencé à discuter et nous sommes trouvé beaucoup de lectures communes. Manifestement très sportif, la discussion avec lui n’a pas tardé à confirmer qu’il était autant préoccupé de la santé de l’esprit que de la vigueur du corps.
Depuis, nous nous voyons très régulièrement. Il a beau avoir trente ans de moins que moi, je suis impressionné par son appétit littéraire, alors que de son propre aveu, jusqu’à l’âge de 17 ans (il en a maintenant 22), il passait son temps à jouer à des jeux vidéos, ce qui l’a d’ailleurs bien occupé pendant le confinement. Et c’est au détour d’un de ces jeux vidéos qu’il a été intrigué par une référence à Nietzsche, où s’est engouffré un torrent de curiosité qui fait déjà de lui un jeune homme accompli. C’est lui qui m’a conseillé récemment La montagne magique, dont il m’avait malgré tout averti de la présence de passages ennuyeux.

Il faut bien que, pour peu que nous entretenions à l’endroit du monde une attention flottante, plus honnête que celle des psychanalystes, nous soyons aussi un peu les personnages d’une sorte de roman, pour que dans le dernier numéro de l’Antipresse qui publie son numéro 500, la première lettre de lecteur s’ouvre sur l’évocation des Démons (ceux de Dostoïevski)… Et de La montagne magique. Je terminerai sur cette phrase écrite par Arad (le jeune lecteur de Dostoïevski) bien avant qu’il ne lise Thomas Mann :

Les montagnes s’accumulent en moi.

Présentation de L’Antipresse # 500 :

http://www.youtube.com/watch?v=VXKwmczEug4

Illustration, évidemment : Caspar David Friedrich

CES VOIX DANS NOS TÊTES – L’INGÉNIERIE SOCIALE DANS LE “MONDE LIBRE” (3/3)

Bien que les démocraties modernes nient ou ignorent délibérément le concept d’âme, leurs services secrets s’emploient à élaborer les moyens qui rendent possible le contrôle de celles-ci tant au niveau individuel que collectif. Des techniques de fragmentation et de dissociation du programme MK-Ultra au contrôle des masses par les drogues, le plaisir et le divertissement mais aussi par la terreur, il y a moins d’un pas. Mais loin d’être une invention moderne, et loin de se confiner aux régimes dit autoritaires (selon la logique de la désignation de l’ennemi), le contrôle mental n’est pas une invention moderne et s’inspire largement de pratiques occultes ancestrales, dont il reprend les recettes ; la lettre mais pas l’esprit. Cet article a été publié dans le numéro 483 de l’Antipresse, journal de Slobodan Despot.

« Il y aura dès la prochaine génération une méthode pharmaceutique pour faire aimer aux gens leur propre servitude, et créer une dictature sans larmes, pour ainsi dire, en réalisant des camps de concentration sans douleur pour des sociétés entières, de sorte que les gens se verront privés de leurs libertés, mais en ressentiront plutôt du plaisir. » Aldous Huxley (discours prononcé en 1961 à la California Medical School de San Francisco)

MAGIE NOIRE AU GOÛT DU JOUR
Le philosophe Descartes avait introduit le ver mécanique dans le fruit biologique avec la théorie de l’animal machine. Si ni l’animal ni l’humain ne sauraient être réduits à des machines, ni le cerveau à un ordinateur, une relative mécanisation est possible (à l’échelle collective ou individuelle), à la condition d’une relative déshumanisation, c’est-à-dire atteinte à la psyché par des méthodes de manipulation psychologiques, scientifiques et techniques. C’est d’ailleurs le principe même de l’ingénierie sociale au service de la réduction des risques et de la paix sociale. Cette mécanisation a aussi fait l’objets d’approches plus invasives dans le cadre de la violence étatique et des services secrets, par exemple dans le cadre de programmes de contrôle mental comme MK-Ultra, Bluebird et Artichoke, entre autres, de la CIA. 
Le programme MK-Ultra est de notoriété publique, si bien que même un article de Radio France explique que la série Netflix Stranger things en est largement inspiré (1). Incidemment, le 3 octobre 1995, face à l’accumulation de révélations (le programme avait été rendu public par la presse en 1975), le président américain Bill Clinton a été contraint de formuler des excuses publiques concernant les expériences ayant eu lieu sur le sol américain (2). 
Il n’est pas forcément anecdotique que le directeur du projet MK-Ultra, Sidney Gottlieb, juif originaire de Hongrie, ait été surnommé le Sorcier noir dans la mesure où la science moderne renouait tout à coup avec des objectifs existant déjà dans des pratiques archaïques. Les recherches de Gottlieb portaient sur l’administration de diverses drogues, dont le LSD, mais aussi sur les électro-chocs. Fred Emery et Eric Trist travailleraient à l’Institut Tavistock sur les applications expérimentales de la forme de chaos social la plus achevée : la “dissociation” de l’individu. Il s’agit de l’état dans lequel la personne individuelle s’identifie à la société en elle-même et se dissocie de sa personnalité d’origine. 
Le cinéma fournit des illustrations assez fidèle de ces expériences de programmation mentale de l’individu avec la trilogie Bourne ou The Mandchurian candidate, dans lesquels des personnages programmés accomplissent des actes sans en être conscients ni en conserver de souvenir. Ces théories, qui correspondent systématiquement à des découvertes expérimentales sur sujet humains, ouvrent la porte aux projets de la CIA Bluebird, renommé par la suite Artichoke, dirigé par Allen Dulles. 

LES APPRENTIS SORCIERS
Tout à coup avec l’exploration des mystères de la conscience, de la volonté et de la mémoire, la “science” moderne rejoint donc les sciences occultes. Je préciserai ici qu’avant d’être les sympathiques morts-vivants que nous représente le cinéma depuis la fin des années 60 (probablement inspirées par les émeutes raciales, sur les braises desquelles avait probablement soufflé la CIA) les zombies étaient des êtres sous contrôle selon les pratiques de la magie vaudou (comme en donne une représentation le beau film de Jacques Tourneur I walked with a zombie), pratique à laquelle s’est intéressée la CIA, ainsi qu’à d’autres. C’est avec le cinéma contestataire que le zombie devient le mort qui marche ; il est vrai que d’un point de vue strictement spirituel, il n’y a guère de différence entre un mort et une personne ne vivant plus que par et pour la société de consommation (comme dans Dawn of the dead, George Romero, 1978). 
La tâche de ces services secrets était d’explorer les techniques permettant de rendre le cerveau manipulable. Sur les individus comme sur les groupes, les premières conditions à créer sont ce que j’appellerais une sorte d’effet tunnel : une monopolisation   de la conscience et de l’attention en vue de créer une réalité parallèle ou strictement encadrée, ce qui est une des fonctions de la télévision (avec l’aggravation de la pensée unique qui s’est observée depuis 2001) et aussi une des stratégies des psychopathes manipulateurs, qu’ils se présentent sous la forme d’individus ou de groupes organisés, publics ou privés (précisons que le psychopathe est celui qui est devenu maître dans l’art d’entretenir la confusion à son profit). 
Les techniques employées sont la drogue (LSD synthétisé à la fin des années 30 et sur lequel a expérimenté Aldous Huxley), diverses formes d’hypnose, et des mesures encore plus extrêmes, telles, selon Daniel Estulin, celles développées par le docteur Ewen Cameron à Montreal : séances de privation sensorielle dans l’intention d’effacer la conscience pour pouvoir en « enregistrer » une nouvelle à la place. Ces recherches ne se contenteraient pas de converger avec les techniques des sciences occultes : les chercheurs essaieraient de mieux connaître leur fonctionnement afin, comme dans le programme MK-Ultra (MK = Mind control, c’est-à-dire contrôle de l’esprit) qui parviendrait à créer des personnalités fractionnées composées de faux souvenirs. 
Ces pratiques se rapprochent des cultes anciens d’Eleusis, du tantrisme, des différents chamanismes et de la Kabbale (le mysticisme juif, qui est apparu en réaction au rigorisme talmudique) à ceci près que l’élévation spirituelle est évidemment absente des objectifs de la CIA (quelles que soient les critiques formulables à l’encontre de ces divers mouvements religieux et spirituels). Cela s’apparente donc à de la magie noire. 
Il suffit de faire un pas mental en arrière pour deviner les véritables implications de l’expression “guerre psychologique” dont l’application est entre les mains de gouvernements qui ont tout pouvoir sur nous (dont une illustration possible serait le roman de Colin Wilson Les vampires de l’espace). 
C’est en 1977 que le U.S. Senate Church Committee investigation a rendu publiques vingt-cinq années d’activités criminelles de la CIA : expérimentation secrète avec des drogues psychotropes, manipulation psychologique des masses, techniques de torture et de la lavage de cerveau à la nord-coréenne. Le New York Times a dénoncé le docteur Louis West comme un des principaux destructeurs de l’esprit au service de la CIA. Pour se former une idée des méthodes artisanales, je recommande de visionner le très sobre documentaire, malheureusement difficile à trouver, La décomposition de l’âme, sur les méthodes d’interrogatoire et de torture psychologiques employées en Allemagne de l’Est ; la tragique ironie de tous ces programmes étant que la destruction de l’âme implique qu’on croie à celle-ci, ce qui est le grand paradoxe des sociétés matérialistes, qu’elles soient libérales ou socialistes. 
Dans un mémo obtenu par le New York Times, les drogues sont reconnues comme un moyen efficace de contrôle de la paix sociale en ce qu’elles détournent les contestataires de l’action. Sans dénigrer ce que les musiques pop et rock ont pu produire d’exaltant, il faut admettre qu’elles ont fait partie de mouvements pilotés par les divers organismes assujettis à la CIA : quel meilleur moyen de faire croire à la rébellion de la jeune population des pays occidentaux qu’en les séduisant grâce à un mouvement culturel contestataire axé sur la jouissance physique individuelle (atomisée) et la tolérance en matière de consommation de drogues, bref, la liberté de s’empoisonner et la « liberté » sexuelle (notion qui instaure une confusion entre les sphères intime et publique). 
Il suffit d’observer la complaisance dont font preuve les gouvernements si préoccupés d’environnement et de santé publique vis-à-vis des techno-parades pendant deux décennies… 

CONNEXIONS AVEC LE TERRORISME
Pendant américain de Tavistock établi en 1963, l’Institute for Policy Studies, financée par Rockefeller, était-il vraiment un instrument de lutte et de contrôle contre le terrorisme ? Il était censé surveiller toutes sortes de pseudo associations (groupes nationalistes noirs, mouvements anti-guerre, et groupes terroristes tels que les Weathermen Underground – équivalents américains de la bande à Baader et des Brigades rouges). Dans le même temps, les membres de groupes terroristes ou violents étaient recrutés soit parmi des personnes à tendance psychotique, soit parmi des personnes rendus potentiellement psychotiques par des programmes de lavage de cerveaux dans lesquels avaient été employées des drogues (principalement le LSD). Un des principaux théoriciens de l’IPS était Noam Chomsky (3), pour qui l’objectif principal de la création de l’IPS était de prendre le contrôle de la radicalisation de jeunesse étudiante et de la détourner des partis socialistes existants et de canaliser ce radicalisme étudiant afin de pourvoir l’appareil de contre-insurrection en expansion autour du concept de communauté  de contrôle local conçu par John Rawlings Rees, aussi directeur du WFMW (World Federation for Mental Health). 
Une des spécialités de la CIA est d’infiltrer et de détourner des mouvements contestataires, qu’ils soient à vocation violentes ou non afin d’en faire des instruments de déstabilisation, jusqu’à provoquer des coups d’État, dont l’Amérique latine a amplement fait les frais, tandis que dans les années 70, l’Italie souffrait de vagues d’attentats menés par les mouvements terroristes récupérés par les réseaux Gladio (faisant partie des cellules Stay-behind créées par l’OTAN juste après la deuxième guerre mondiale). 
L’institut d’Études Politiques gérait aussi une filière estudiantine, appelées Students for Democratic Society dédiée aux drogues et à la révolution. Pour financer cette filière, Paul Warburg utilisa des fonds de la CIA (20 millions de dollars) pour assurer la promotion des émeutes estudiantines des années 1960. 
Selon Daniel Estulin, la Nouvelle gauche américaine (New left), le Watergate, le mouvement hippie, le mouvement contre la guerre au Vietnam et la contreculture seraient des opérations d’ingénierie sociale directement ou indirectement développées selon les techniques de l’Institut Tavistock. 

LIBERTÉ CHÉRIE
Dans sa préface au Meilleur des mondes, Aldous Huxley écrit : « À mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s’accroître en compensation. Et le dictateur (à moins qu’il n’ait besoin de chair à canon et de familles pour coloniser les territoires vides ou conquis) fera bien d’encourager cette liberté-là. » On omet systématiquement de rappeler qu’en plus du tableau d’une société entièrement conditionnée par l’eugénisme, Le meilleur des mondes est une dystopie où la famille est une institution dangereuse qui n’existe plus que dans des zoos humains, et où les “individus” sont encouragés à avoir des relations sexuelles les uns avec les autres, comme dans le roman Nous autres d’Eugène Zamiatine, précurseur et inspirateur du Meilleur des mondes, et à s’étourdir régulièrement grâce à des cocktails de drogues. « Aujourd’hui, la famille subit les dernières attaques sous la forme des mythes de la culture du viol et de la masculinité toxique. La masculinité n’est pas toxique par essence, mais c’est ce que voudraient faire croire les mouvements «féministes» radicaux, l’idéologie «trans», mais aussi le lobby LGBT, ainsi que tous les groupuscules minoritaires dominants dits victimaires, véritablement fanatiques et dont la visibilité est le résultat de financements oligarchiques et de la pléthorique domesticité médiatique, comme l’appelait Guy Debord. Tous ces mouvements pouvant être considérés comme de véritables bombes d’ingénierie sociale. »
La tyrannie technocratique adopte donc les traits d’une maternité abusive et incestueuse, dans le sens fusionnel et non dans le sens sexuel de ce mot, car la fusion entre l’enfant et la mère n’est rien d’autre que l’indistinction, le contraire de l’individuation (c’est-à-dire la possibilité pour l’être dépendant de devenir autonome). Dans Gouverner par le chaos, Lucien Cerise la décrit comme un immense utérus artificiel, c’est-à-dire dénué de frontières (4) et de contradictions ». Encore une fois la fiction, avec la série de films The Matrix s’impose comme un reflet fidèle des ambitions démiurgiques du contrôle par la science. Cette tyrannie sécuritaire et matricielle est le projet d’individus sincèrement persuadés de mener l’humanité vers un avenir exempt de tout conflit ; ainsi le directeur du World Economic Forum Klaus Schwab est un pacifiste convaincu – même si la sagesse populaire est censée être armée pour se défier des pavés de bonnes intentions… 
Plus près de nous, le cyber-technocrate et auteur du livre à succès : Homo Deus, Yuval Noah Harari, considère que l’humain est devenu « piratable » à partir du moment où une organisation le connaît mieux qu’il ne se connaît lui-même. Selon le même curieux personnage, le libre arbitre n’existe pas. Il n’y aurait de place que pour le déterminisme et le hasard. Harari lui aussi imagine un futur dans lequel les improductifs seront maintenus sous contrôle par un cocktail de drogues et de divertissements (voyons les choses en face : c’est déjà largement le cas, encore qu’il faudrait étendre la définition de ces mots). 
Mais Harari se trompe : l’homme n’est pas devenu piratable, il l’a toujours été. C’est à la fois une mauvaise nouvelle et une bonne nouvelle puisque d’une part il est vrai que si tout système produit les êtres qui y sont adaptés, il contient aussi systématiquement le germe de sa propre destruction. L’homme piratable est en même temps armé contre le piratage il n’y a pas de raison pour que l’adage Knowledge is power (la connaissance, c’est le pouvoir) ne soit vraie que pour les puissants. L’oligarchie au pouvoir l’a si bien compris que ses efforts pour nous faire vivre dans une matrice de mensonge et l’agressivité de ses méthodes révèlent en négatif le danger potentiel que nous représentons pour elle. 

  1. http://www.radiofrance.fr/franceinter/stranger-things-le-projet-secret-de-la-cia-qui-a-inspire-la-serie-netflix-14306002. 
  2. Documentaire Les cobayes de la CIA : www.youtube.com/watch?v=87IRnJNsWCE ; voir également pour l’exemple la page wikipedia consacrée à Candy Jones, mannequin et espionne ayant probablement subi le programme MK-Ultra : https://fr.wikipedia.org/wiki/Candy_Jones
  3. Noam Chomsky, comme les principaux penseurs de la gauche plus ou moins radicale : Slavoj Zizek, et Alain Badiou, se convertirait automatiquement au covidisme. Ce n’est guère étonnant dans la mesure où les efforts conjoints de l’OMS et du FEM (avec son slogan hallucinant : « Vous serez heureux et vous ne posséderez rien »), vont dans le sens socialiste d’un contrôle total de l’humanité pour son bien. Il est vrai que l’esprit embrumé de la gauche radicale est singulièrement inapte à imaginer que le gouvernement puisse lui vouloir autre chose que du bien. 
  4. Il faut entendre ici toutes les sortes de frontières possibles et imaginables : géographiques bien sûr mais aussi sexuelles, générationnelles (disparition de la distinction entre adulte et enfant), morales (dissolution de la différence entre bien et mal), sémantiques (dilution du sens des mots, qui n’est plus que l’objet du caprice du pouvoir, comme dans la formule « La guerre c’est la paix, la liberté, c’est l’esclavage, l’ignorance, c’est la force » (1984, George Orwell)). À propos du concept même d’adulte, et donc de responsabilité,  remarquons que d’une part les programmes de l’OMS prétendent enseigner le consentement à des enfants ou des adolescents et que d’autre part, ils retirent aux parents tout exercice de ce consentement. Un précédent avait été créé lors du confinement, où en Belgique notamment, pouvaient se voir infliger une amende non seulement un client de magasin ne portant pas de masque, mais aussi le gérant ou propriétaire du magasin, réalisant ainsi la disparition du concept d’adulte responsable. 

CES VOIX DANS NOS TÊTES – L’INGÉNIERIE SOCIALE DANS LE “MONDE LIBRE” (2/3)

Après s’être fait la main sur la justification de la guerre par la création d’une image monstrueuse de l’ennemi extérieur, la propagande moderne (ingénierie sociale, manufacture du consentement), invention éminemment moderne, se consacre à la domestication et au conditionnement des populations du monde libre, et ce par l’idéalisation du quotidien par la publicité, l’infantilisation, l’assujetissement au plaisir et l’effacement des repères traditionnels par le relativisme, c’est-à-dire le brouillage des notions de bien et de mal, pour en arriver progressivement au monopole de la perception.
Cet article a été publié dans le numéro 483 de l’Antipresse, journal de Slobodan Despot.

C’est pour créer cette illusion qu’on a inventé le « suffrage universel » : c’est l’opinion de la majorité qui est supposée faire la loi ; mais ce dont on ne s’aperçoit pas, c’est que l’opinion est quelque chose que l’on peut très facilement diriger et modifier ; on peut toujours, à l’aide de suggestions appropriées, y provoquer des courants allant dans tel ou tel sens déterminé ; nous ne savons plus qui a parlé de « fabriquer l’opinion », et cette expression est tout à fait juste, bien qu’il faille dire, d’ailleurs, que ce ne sont pas toujours les dirigeants apparents qui ont en réalité à leur disposition les moyens nécessaires pour obtenir ce résultat.
René Guénon, La crise du monde moderne

INGÉNIERIE DU CONSENTEMENT
Le propre des démocraties occidentales, écrivait Edward Bernays, est d’avoir besoin de l’assentiment des populations pour engager des opérations de grande envergure. Voilà qui peut sembler rassurant aux oreilles des habitants de ces démocraties conditionnés dès l’école primaire pour croire que c’est eux qui exercent le pouvoir par le biais du vote. À ceci près que ces “démocraties” ont aussi les moyens de « manufacturer ce consentement collectif » à commencer par le monopole de la falsification linguistique : la propagande s’appelle désormais Relations publiques ou information… L’ingénierie sociale, qui est son appellation savante, est enseignée dans des universités. Remplacé par des notions floues (liberté, égalité, démocratie et désormais le mantra mondialiste Équité, diversité, inclusion) et dirigé vers des régimes ennemis ou désignés comme tels, le mot propagande suggère : 
– Que l’influence est visible, comme les affiches de régimes totalitaires reproduites dans les manuels d’histoire ; 
– Que le lavage de cerveau est une pratique exotique ; 
– Que la propagande n’existe pas en régime démocratique ; 
– Que les citoyens n’en seraient pas dupes s’ils y étaient exposés (le flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute). 
Cela participe de ce qu’Aldous Huxley appelait « Totalitarisme non violent » : l’exercice d’un pouvoir paradoxal se présentant sous des dehors bienveillants plutôt qu’autoritaires. Toutes les libertés individuelles sont étranglées par l’hyperlégalisme, dans l’illusion que loi, pouvoir et justice convergent, malgré les preuves éclatantes du contraire. Ces libertés sont symboliquement protégées par la Déclaration des droits de l’homme dont l’article 3 stipule : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » Manière de dire sans le dire que les âmes sont la propriété de la Nation. 
On inculque aux élèves de l’enseignement secondaire qu’ils sont le produit des Lumières. C’est vrai. L’enseignement étant laïque, ils sont laissés dans l’ignorance de ce qu’ils doivent à l’héritage catholique. Contre l’égalitarisme devant Dieu ou tout principe réellement transcendant, les Lumières établissaient déjà une différence entre l’homme ordinaire et l’homme éclairé (Rousseau, d’Holbach, Restif de la Bretonne : voir L’homme rétréci par les Lumières de Xavier martin). Ces “Lumières” qui ne sont pas faites pour l’homme ordinaire, elles sont plutôt faites pour l’éblouir quant aux intentions des despotes éclairants d’aujourd’hui. Réfractées par l’écran de télévision, elles transforment tous les lieux où elles sont diffusées sous forme “d’information” en cavernes platoniciennes. L’appareil d’État maintient les populations sous contrôle au moyen d’une formule qui pourrait se résumer ainsi : flatter (« peuple souverain »), culpabiliser… Mais aussi intimider,  terrifier. 

MATRAQUAGE PARANOÏDE
Depuis des attentats du 11 septembre 2001, la déclaration scandaleuse du président George W. Bush « Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous » est devenue la ligne de conduite des “démocraties libérales”, dans lesquelles plus aucun débat n’a lieu qu’entre personnes du même avis. L’opinion est la cible d’une opération permanente visant à la persuader qu’elle vit dans un monde libre, et les campagnes de calomnie nécessitent moins l’intervention d’officines douteuses dans la mesure où le langage politiquement correct a intégré les armes de dissuasion : « antisémite », « raciste » (distinction entre deux termes qui pose des questions gênantes), « extrémiste » (de droite uniquement, l’extrémisme de gauche ne semblant jamais poser aucun problème), « homophobe », « sexiste », « complotiste », ce dernier mot magique servant à disqualifier toute tentative de s’interroger sur les versions officielles. Tous ces mots accusateurs n’apparaissent pas par hasard : ils participent d’une stratégie de division (mot dont l’étymologie vient de diable). Depuis la création de l’antiracisme d’État en 1985 (en France) ces mots font l’objet d’un soin particulier puisqu’ils servent à faire oublier que toute véritable oppression s’exerce du haut vers le bas. Dans Neuro-pirates, Lucien Cerise, fin connaisseur du fonctionnement des services secrets, rapporte que l’emploi renouvelé du mot antifascisme  (mouvement dit « antifa ») résulterait d’un brainstorming de la DGSI (anciens Renseignements Généraux) – et le journal Le Monde afin de disqualifier toute critique trop appuyée du système. 

MANIPULATION DES MASSES ET LAVAGE DE CERVEAU
Ces techniques de manipulation des masses, difficiles à percevoir quand on y est immergé (c’est le principe même de la télévision, invention dont on avait dès le début deviné le parti qu’on pourrait en tirer, par comparaison avec la TSF) ont beau sembler relativement anodines, il s’agit tout de même d’une forme diluée de lavage de cerveau. 
Si cette expression nous vient effectivement des syndromes observés sur les prisonniers américains revenus des prisons de Corée du Nord, et que pendant la Deuxième Guerre mondiale, le conditionnement des pilotes kamikaze japonais avait intéressé les cadres de l’Allemagne hitlérienne, ce serait faire preuve de la mentalité d’un plantigrade affectueux que de croire que ces manipulations mentales étaient vues avec horreur par les services secrets occidentaux. À partir de 1947, la clinique Tavistock, anciennement Bureau britannique pour la propagande de guerre, qui dictait aussi la politique aux forces armées étasuniennes en matière de guerre psychologique, deviendrait l’Institut Tavistock des Relations Humaines (sic) fondé par Frederick Emery, Eric Trist et John Rawlings Rees. Paralèllement, en France, le ministère de la Propagande deviendrait “naturellement” celui de l’Information. Wikipedia et les “vérificateurs de faits” qui ne voient le mal que là où ils sont payés par l’USAID pour le voir, auront beau le « débunker » (comprendre : le négationner), l’Institut Tavistock, créé en même temps que d’autres organismes mondiaux, mais moins discrets : l’UNESCO, l’OMS, la Fédération Mondiale pour la Santé Mentale, etc. s’inscrit dans le projet de création d’un gouvernement mondial. Jacques Attali, Nicolas Sarkozy et Paul Warburg (un des créateurs de la Réserve Fédérale) disent la même chose : « Nous aurons un gouvernement mondial, que nous le voulions ou non. La seule question est de savoir si ce Gouvernement mondial sera instauré par l’adhésion ou par la conquête. » (déclaration 7 février 1950 devant le sénat des États-Unis) Ce projet qui est passé par le renversement méthodique des régimes traditionnels comporte nécessairement un aspect spirituel ou contre spirituel, sorte de  transposition du mythe du paradis terrestre inspiré par les utopies (traduit en “bonheur de l’humanité” par le langage maçonnique). 

LE CHAOS PAR L’INFANTILISATION DES MASSES
Kurt Lewin qui accompagnait les travaux de Tavistock depuis 1930, est le pionnier de la psychologie du choc, qui permet de modifier le comportement des individus et des groupes. « La proposition la plus significative de Kurt Lewin, au tournant de la Deuxième guerre mondiale, était sa conception d’un “fascisme avec une façade démocratique” […] le trait psychopathologique commun de toute exigence formulée par un pouvoir fasciste [même pourvu d’un visage « démocratique », donc] serait l’infantilisme, c’est-à-dire selon lui « l’extension du concept de famille autonome visant à bloquer la réalité du monde extérieur. » (Daniel Estulin Tavistock Institute, social engineering the masses) (4) Il ne faut donc pas prendre ici le terme « fasciste » dans son sens strictement historique mais dans son acception recouvrant toute relation abusive entre le pouvoir et ceux qui le subissent, puisque les officines à l’origine de la propagande scientifique de masse sont nées en « démocratie » et qu’elles y sont toujours actives, notamment par le biais des services secrets et toutes les ramifications avec les universités, instituts de recherche, think tanks, etc. Dans son indispensable et vertigineuse synthèse parue en 2019 Le Nouvel ordre mondial démasqué, Cyril Leysin nous apprend que selon Lewin, la société pourra être contrôlée, et menée progressivement vers un état d’esprit infantile, immature. Lewin a baptisé « fluidité » cette sorte de chaos social. « Cela, précise Cyril Leysin, fait écho au concept de “tittytainment” attribué à l’éminence grise des présidents américains de Carter à Obama, Zbigniew Brzezinski (1928-2017), défini par l’omniprésence de divertissements abrutissants et la satisfaction des besoins primaires, mélange d’aliments physiques et psychologiques, censés endormir les masses tout en contrôlant leurs frustrations et leurs protestations éventuelles. » Toute ressemblance avec le monde d’aujourd’hui où seules sont promues la “liberté” de consommer et de jouir, serait fortuite. Fred Emery, autre chercheur à l’Institut Tavistock, a été l’un des pionniers dans le domaine du développement organisationnel. Il a décrit les effets induits par le chaos social engendré par des traumatismes sociaux, c’est-à-dire des crises économiques et politiques, des conflits sociaux, etc. « La société se segmente en groupes hostiles pendant que les institutions s’effondrent, des groupes extrémistes voient alors le jour, créant un climat de tension permanent » (Daniel Estulin Tavistock Institute, social engineering the masses). Il n’est évidemment pas interdit de reconnaître actuellement les groupes de pression qui composent le mouvement Woke, derrière lesquels se cachent des théoriciens et des financiers (réseaux de George Soros et USAID) mais aussi depuis la naissance de l’antiracisme institutionnel en France en 1985 sous la houlette de Bernard-Henri Lévy, tous les mouvements socialement incendiaires de division, jusqu’à l’invention de l’écriture dire « inclusive ».

L’ARME PSYCHIATRIQUE
Depuis le XIXe siècle, la science, envisagée comme instrument du contrôle total de l’environnement ou de l’homme par l’Homme, prenait ainsi la place laissée vacante par la religion (et le rôle régulateur joué par la morale traditionnelle). Il est donc  dans l’ordre des choses de réinventer la morale traditionnelle : « Dans les années quarante, les figure de proue de la psychiatrie proclamèrent leur intention d’infiltrer le champ de l’éducation et du droit pour amener à […] l’éradication des concepts de bien et de mal. » G. Brock Chisholm et le psychiatre John Rawlings Rees, homme clé de l’OSS (future CIA), cofondateurs de la Fédération Mondiale pour la Santé Mentale le dirent abruptement à leurs pairs à l’époque : “Si l’espèce humaine doit être délivrée du fardeau invalidant du bien et du mal, ce sont les psychiatres qui doivent prendre cette tâche en main.” » (1). La même source nous apprend que Brock Chisholm, qui deviendrait le premier directeur général de l’OMS, déclarait que « pour [accomplir] le gouvernement mondial, il est nécessaire de retirer de l’esprit des hommes leur individualisme, leur loyauté envers les traditions et leur identification envers leurs nations » (cité dans Le Nouvel Ordre Mondial Démasqué, Cyril Leysin)
Dans son livre The shaping of psychiatry by war (le modelage de la psychiatrie par la guerre), John Rawlings Rees, préconise la création de troupes psychiatriques de choc afin de développer « des méthodes de contrôle dont le principe serait de mener la population humaine vers la psychose (la confusion) grâce des procédures de programme de modification comportementale1. Sa préoccupation ainsi que celle de toutes les figures participant de près ou de loin à l’élaboration d’un nouvel ordre mondial, serait l’institution de la paix par le contrôle des masses, le recyclage de la propagande de guerre en propagande de paix. D’après le livre Tavistock Institute de Daniel Estulin (malheureusement non traduit en français), Rees avait tendance à envisager les choses du point de vue de la gestion de groupe et à percevoir l’insoumission ou les revendications comme des formes de névrose. Mais c’est toute la société qui devait être réformée  pour que soit atteint un niveau optimal de « santé mentale » envisagée à l’échelle mondiale, donc standardisée. J’insiste sur le fait les mots du pouvoir moderne sont systématiquement ambivalents, pour ne pas dire duplices, ne signifiant pas la même chose pour l’émetteur que pour le destinataire, séduit par la notion de santé mentale et réduit à soigner son mal-être moderne avec une chimie artificielle et lucrative (puisque brevetable) imposée par le même pouvoir oligarchique. 
« Seule une conspiration de psychiatres étaient à même de construire une société dans laquelle il est possible pour les personnes de chaque groupe de recevoir un traitement quand ils en ont besoin, même quand ils ne le désirent pas, sans recours nécessaire à la loi ». Pour John Rawlings Rees, la santé mentale semblait se résumer à l’adaptation au monde tel qu’il est modelé par le pouvoir ; les contestataires et toutes personnes se livrant à des activités de protestations étaient considérés comme des névropathes, non conscients d’être malades et nécessitant des traitements (2). 
La psychologie expérimentale, sous couvert d’améliorer le bien-être des individus, applique des protocoles standardisés à des groupes, et qu’elle a servi au perfectionnement de la torture et du conditionnement mental. Les expériences les plus connues, comme celle de Milgram ou comme l’expérience frauduleuse de Stanford (3), sont systématiquement orientées dans le sens du contrôle par la peur. Il convient donc de se débarrasser d’une vision idéalisée de la recherche scientifique : l’humain n’y est qu’un simple sujet d’étude et d’expérimentation. Je citerai comme exemple l’expérience controversée du petit Albert, réalisée en 1924, par John Broadus Watson, fondateur du Béhaviorisme, admirateur des travaux de Pavlov sur le conditionnement des chiens, qui avait réussi à conditionner un nourrisson par la peur. Je précise au passage que les réflexes de ce qu’on pourrait appeler (comme le fait Lucien Cerise dans Neuro-pirates) « ingénierie sociale positive » sont ancrés dans nos comportements sociaux traditionnels : rendre service, donner de manière désintéressée, accorder sa confiance a priori ou en connaissance de cause. À partir des années 80 deux phénomènes allaient faire glisser nos sociétés dans le règne du soupçon, de la paranoïa et de l’auto-censure : l’antiracisme d’État, en généralisant le soupçon de « racisme » (5), puis le goulag mental (expression du dissident russe Vladimir Bukowski) du politiquement correct. 
Pour revenir à l’ingénierie sociale négative (c’est-à-dire furtive) les techniques de manipulation mentale seraient utilisées pour le conditionnement des agents de l’OSS (qui deviendrait la CIA en 1947), comprenant torture psychologique : isolation, interrogatoires à charge, manipulation similaires à la technique « bon flic, mauvais flic », à ceci près que le sujet était traité ainsi par son employeur set ses collègues) et physiques : électro-chocs et simulation de noyade, le tout suivant une procédure standardisée : 
1. Diagnostic visant à évaluer les vulnérabilités de l’agent ; 
2. Dépersonnalisation : incitation à créer une identité alternative (alter persona) en cas de capture ;
3. Simulation d’interrogatoire par l’ennemi et destruction de l’ego ; 
4. Conditionnement par l’association d’électro-chocs avec certains mots, de manière à fausser les réactions du sujet en cas de passage au détecteur de mensonge. 
Dès sa création en 1947, la CIA (qui serait dénoncée par John F. Kennedy comme « Un État dans l’État »), entretiendrait des relations incestueuses avec tous les organismes voués à la recherche sur la manipulation des masses. 

PROGRAMMATION MENTALE
En 1953 était lancé le projet MK-Ultra, dirigé par Allen Dulles, qui recruterait le Dr Sidney Gottlieb pour la partie scientifique du projet. Un des objectifs, en coordination avec le TSS (bureau des services techniques de la CIA) et le personnel médical, était d’organiser la recherche et l’expérimentation pour le développement de moyens permettant de contrôler des individus, volontaires ou non, et de créer des personnalités dissociées en employant la drogue (principalement le LSD) et les chocs traumatiques, afin de créer des agents totalement dociles, potentiellement assassins, susceptibles de commettre leurs actes dans des sortes de transes dont ils oublieraient tout par la suite (des soupçons de ce type pèsent sur les assassins de John Fitzgerald Kennedy, Robert Kennedy et John Lennon, notamment). 
Selon le site Morpheus, « l’Institut Tavistock, […] aurait aussi développé [le] système des armes à micro-ondes à partir des années 50. Dans les années 60, le Dr Ross Adey a travaillé sur le Pandora Project pour la CIA et le MI5, dans le domaine du contrôle mental à distance (6)). Zbigniew Brzezinski théoricien de l’ère technétronique, mentor de Barack Obama, a toujours affiché sa volonté politique d’asservir les populations à l’aide de technologies : « La société sera dominée par une élite de personnes libérées des valeurs traditionnelles qui n’hésiteront pas à réaliser leurs objectifs aux moyens de techniques épurées avec lesquelles ils influenceront le comportement du peuple et contrôleront la société dans tous les détails, jusqu’au point où il sera possible d’exercer une surveillance quasi permanente sur chacun des habitants de la planète. » (dans La révolution technétronique)
Des expériences de contrôle mental ont été menées au M.I.T. (Massachussets Institute of Technology), l’Institut Johns Hopkins, l’université de Pennsylvanie… Les expériences de José Delgado ont prouvé qu’il était possible de contrôler en partie le comportement grâce à l’implantation de puces : arrêter un taureau en train de charger, déclencher, chez des cobayes humains, des crises de rire ou de larmes, etc. Delgado avait rejoint l’université de Yale (partiellement financée par la fondation Rockefeller depuis 1937 au moins) en 1950 dans un laboratoire on l’on faisait alors des recherches sur la lobotomie. Cette « thérapie » ainsi que les électro-chocs ont été généralisés dans la psychiatrie sans jamais avoir donné de résultats probants. 
(à suivre)

Ludovic Joubert

Auteur de Toxicologie du langage : 

1. Source en anglais : www.cchr.org.uk/undermining-morals/
2. The Tavistock Grin, The real CIA – The Rockefeller’s fascist Establishment, L. Marcus, The campaigner, April 1974
3. Thibaut Le Texier, sur l’expérience de Stanford : Histoire de mensonge, Zones
4. Article en anglais téléchargeable de Carol Menzel, Coercive psychology: capitalism’s monster science, La psychologie coercitive, la science monstrueuse du capitalisme The campaigner February-March 1974.
5. Cette notion de « racisme » a tout intérêt à rester nébuleuse pour servir le pouvoir car pour citer Arnaud Upinsky, c’est à ses dépens que le manipulateur sort de la confusion. Sur le plan psychologique, cette fausse vertu, consistant à accuser pour s’innocenter aux yeux de la société existe depuis longtemps sous le nom de bigoterie. 
6. RMCT : Remote Mind Control ; Technologywww.youtube.com/watch?v=xehJzyttZr8&t=18s&ab_channel=911InvestigationVids

CES VOIX DANS NOS TÊTES – L’INGÉNIERIE SOCIALE MODERNE DANS LE “MONDE LIBRE” (1/3)

La ruse suprême du diable, écrivait Charles Baudelaire, est d’avoir réussi à faire croire qu’il n’existe pas. C’est aussi en quelque sorte le tour de force des services secrets d’avoir réussi à faire croire que leur action ne s’exerce qu’à l’étranger, et que toute influence, tout piratage mental ne saurait être que le résultat de forces étrangères, comme récemment l’affaire de la gifle infligée à Emmanuel Macron, par son “épouse”, dont les images ont aussitôt été mises sur le compte de l’ingérence russe. Le fait de croire que la propagande est toujours d’origine étrangère ne s’est pas installé par hasard, c’est le résultat d’une illusion entretenue sciemment par les services secrets depuis l’époque où la propagande a cessé de s’appeler « propagande de guerre », c’est-à-dire jusqu’au lendemain de la Première guerre mondiale, où les régimes démocratiques se sont avisés de la nécessité d’une opération permanente d’influence en temps de paix, ne serait-ce que pour nous inculquer leur notion de la “paix” (l’entretien de la menace de l’ennemi plus ou moins réel) et de la “liberté” (la consommation). C’est depuis le début du XXe siècle qu’elle a changé de nom pour s’appeler, information, relations publiques (Edward Bernays) et être tantôt assumée tantôt dénoncée comme Manufacture du consentement et s’infiltrer dans tous les domaines d’activité de ce qu’on appelle « le monde libre ». 
Résultat, les services secrets sont loin de n’employer que des espions (agents envoyés à l’étranger) : ils ont aussi recours à des agences de communication, de publicité, des expériences de psychologie expérimentale pouvant aller loin dans la cruauté, (comme celles d’Ewen Cameron et du programme MK-Ultra…) et sont infiltrés dans les universités et les centres de recherche scientifique. C’est à partir du début du XXe siècle, principalement dans la nébuleuse de l’Institut Tavistock, que s’est développée cette propagande scientifique moderne, qui traite les populations indigènes (européennes, occidentales) comme des ennemis en puissance, qu’il est impératif de programmer, conditionner, hypnotiser. C’est l’aveu même qu’un des pères fondateurs de cette ingénierie sociale de masse Edward Bernays, qui écrit que les démocraties ont besoin pour garder leur légitimité d’avoir l’assentiment des populations. À ceci près que cet assentiment, elles ont les moyens de le créer. 
La série d’articles qui s’ouvre ici a été publiée dans les numéros 482, 483 et 484 de l’Antipresse, journal de Slobodan Despot

S’il est une phrase apprise dès l’école dont on ne tire pas les leçons, c’est bien « L’histoire est écrite par les vainqueurs ». Tant que cela restera vrai et qu’on ne se demandera pas qui sont les véritables vainqueurs de l’histoire, l’épisode Coronavirus, le jour où il entrera dans les manuels sera résumé à peu près comme suit (calqué, donc, sur le narratif médiatique qui nous aura enfermés dans une réalité parallèle) : « À partir de mars 2020 s’est déclarée une pandémie globale qui n’a pu être contenue que grâce aux efforts concertés des gouvernements mondiaux, une stratégie dans l’ensemble cohérente déployée par les organismes mondiaux de santé, main dans la main avec l’industrie pharmaceutique moderne, toujours à la pointe de la recherche »… 
Ce récit, qui est ce qui se rapproche le plus, à l’ère moderne, du poème épique, ne mentionnera ni la privatisation de l’Organisation Mondiale pour la Santé par la fondation Bill and Melinda Gates et GAVI (ne parlons même pas de la privatisation des nations par les banques), ni des tendances génocidaires de Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS, dirigée contre l’ethnie majoritaire de son pays d’origine… 
En 2020, quand j’ai commencé à relayer l’excellente vidéo de Marcel D., rigoureusement documentée, contrairement à ce que son ton satirique et volontiers vulgaire aurait pu suggérer (1) , il m’a été objecté par des gens qui avaient manifestement déjà appris par cœur les leçons de l’histoire du futur, que « Bill Gates n’est qu’un milliardaire à l’américaine, qui tue le temps en se livrant à la philanthropie ». C’est mignon, est-on tenté de dire. Que des citoyens ordinaires renforcent tous les super-pouvoirs que sont les gouvernements et les milliardaires par une confiance qu’on ne rencontre guère que chez les canetons, voilà qui me dépassait, sans pour autant me surprendre tout à fait (et ne nous trompons pas : chez nous, ils s’appellent milliardaires alors qu’à l’est, ce sont de vulgaires oligarques, dixit la presse du monde libre). 

LE PREMIER BUREAU OFFICIEL DE MANIPULATION DES ESPRITS
Pourtant l’opération de propagande, de manipulation et de terreur, qui s’est déchaînée dans le monde entier ou presque à partir de 2020 avec une synchronisation qui laisse rêveur, est l’aboutissement de recherches entamées un peu plus d’un siècle plus tôt, financées par plusieurs lignées de “philanthropes”, notamment les Carnegie, les Rothschild, les Rockefeller (2) et la famille royale britannique, à l’origine en 1913 de la création du Bureau de la Propagande de Guerre, sis à la Wellington House à Londres. L’historien Arnold Toynbee en était le directeur des études sur l’avenir tandis que Walter Lippmann et Edward Bernays s’occupaient de la manipulation de l’opinion publique en vue de modifier les opinion britannique et américaine en faveur de l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. Ce Bureau allait devenir la clinique Tavistock en 1920 puis, en 1947, l’Institut Tavistock des Relations Humaines. Le terrain de recherche de ce vénérable institut ? La propagande scientifique moderne, ou ingénierie sociale. 
L’opération la plus retentissante des activités du Bureau britannique pour la propagande de guerre aura consisté, au début de la Première guerre mondiale, à diffuser une image caricaturale de l’empereur Guillaume II et à propager des accusations d’atrocités commises par les Allemands contre les civils en Belgique, en faisant croire notamment que des soldats allemands assoiffés de sang auraient coupé les mains à des enfants belges, violé et démembré des femmes qu’ils auraient clouées à des portes de bâtiments publics. On retrouve même des traces de ces rumeurs dans Le temps retrouvé de Marcel Proust. Une des techniques de retournement de l’opinion est le “sondage”, qui est en fait une opération de modelage de l’opinion : tout est dans la manière de formuler la question. C’est de manière stratégique que les opérations de désinformation et de confusion seraient menées depuis Londres et non depuis les États-Unis. En effet, les ambassadeurs britannique, français et belge s’étaient prononcés contre l’établissement d’un service de propagande sur le sol américain, afin de brouiller les pistes face à la trop manifeste propagande allemande (2). Cette propagande financée par la couronne britannique et par les inévitables Rothschild et Rockefeller, importable d’un côté à l’autre de l’océan Atlantique, allait bénéficier du relais de l’édition, de la presse, de la publicité et des cinémas, qui diffusaient depuis 1910 des images de ce qu’on appelle à tort ou à raison « actualités » ou « informations » (Newsreels en anglais). 

DE LA PSYCHANALYSE À LA FABRIQUE DU CONSENTEMENT
Il n’est que trop facile de croire que la propagande et la manipulation de masse seraient des inventions de régimes fascistes (qu’ils soient nationalistes ou bolcheviques). Après tout, Staline n’appelait-il pas les écrivains du Parti « les ingénieurs de l’âme humaine »… 
La vérité est qu’un des livres de chevet de Joseph Goebbels était Propaganda, manifeste d’Edward Bernays paru à New York en 1928. Wikipédia nous apprend que les techniques de propagande moderne ont été codifiées et appliquées la première fois d’une façon scientifique par Bernays et l’essayiste Walter Lippmann. Bernays était le neveu de Sigmund Freud (lequel, avec l’invention controversée de la psychanalyse, a contribué à réduire l’humain à ses pulsions sexuelles, idée exploitée avec grand profit par le cinéma et la propagande commerciale qu’on appelle aujourd’hui publicité). Bernays se voyait, selon ses propres mots comme un « psychanalyste des corporations en difficultés » (comme l’écrit Norman Baillargeon dans sa préface à la réédition française du livre de Bernays). Il n’est d’ailleurs pas interdit d’étendre la notion de corporation à tout système étatique. Bernays est l’inventeur de ce qu’il appelle « Ingénierie du consentement » ou « fabrique du consentement », formule attribuée à Walter Lippmann.  
En France, c’est en mars 1938 qu’apparaîtra un ministère de la Propagande, dans le second cabinet Léon Blum. Ce ministère continuera d’exister sous la Quatrième République sous le nom de ministère de l’Information

UN DISCRET CLUB LITTÉRAIRE
La première équipe de ce qui deviendrait l’Institut Tavistock était composée d’Arnold Toynbee, des lords Northcliffe et Rothmere, mais aussi de Walter Lippmann et d’Edward Bernays. « Autrefois, ceux qui gouvernaient […] orientaient le cours de l’histoire en faisant simplement ce qu’ils avaient envie de faire. [Leurs] successeurs ne peuvent plus faire ce qu’ils veulent sans l’assentiment des masses et ils ont trouvé dans la propagande un outil de plus en plus fiable pour obtenir cet accord. La propagande a par conséquent un bel avenir devant elle. » écrira Edward Bernays en 1928 dans son essai Propaganda. Quant à Toynbee, auteur des vingt volumes de L’histoire de la civilisation occidentale, sa théorie postulait que toutes les grande civilisations étant vouées à s’effondrer, ce déclin pouvait être amorti par l’oligarchie véritablement au pouvoir en recrutant une sorte de clergé dévoué aux principes de la règle impériale (comprendre : oligarchique). 
Les activités de l’Institut Tavistock sont restées confidentielles jusqu’en 1935, avec la collaboration d’écrivains aussi connus que Arthur Conan Doyle (Sherlock Holmes), Thomas Hardy (Tess d’Uberville), H. G. Wells (La guerre des mondes, La machine à remonter le temps… mais aussi Le nouvel ordre mondial, essai dans lequel Wells prône la formation d’un gouvernement mondial socialiste et scientifiquement planifié en vue de la défense des droits de l’homme), G. K. Chesterton (Un nommé jeudi), John Galsworthy, etc., puisqu’une propagande réussie s’assurera un succès durable en enrôlant des agents officiels et officieux dans tous les domaines de la vie publique et artistique (voir au printemps 2020 la mise à contribution contre rémunération des youtubeurs et autres influenceurs, enrôlés pour nous inciter à « rester chez nous », mais aussi l’étrange unanimité du monde culturel et artistique au sujet de cette “crise”)

COMMENT BLANCHIR UNE ARME DE GUERRE
Le Dictionnaire historique de la langue française nous apprend que jusqu’au tournant des dix-huitième et dix-neuvième siècles, le mot propagande signifie propagation de la foi (chrétienne). Ce mot prendra un sens politique après la Révolution en février 1795, avec la première proclamation officielle de séparation entre l’Église constitutionnelle et l’État. Il ne faudrait d’ailleurs pas en déduire hâtivement que le phénomène religieux s’est affaibli puisqu’à partir de cette époque, le culte méconnu car maçonnique de l’Être suprême, puis celui de la République nimberont le régime d’une aura mystique… Avant que d’autres idoles ne viennent lui prêter main forte. 
Il serait peut-être une erreur de croire qu’il s’agit d’une religion sans dieu puisque dans le règne de la contrefaçon, tout est divinisable, quitte à ce que le culte passe par des idoles, qu’elles soient cristallisées dans le culte de la personnalité ou le Parti. La propagande servirait donc à renforcer une sorte de culte qui ne dit pas son nom – l’idole de la science s’ajoutait officiellement à partir de 2020 à ce culte polythéiquement correct. Le franc-maçon et ancien ministre français de l’Éducation nationale Vincent Peillon appelle la laïcité Une religion pour la République (titre d’un de ses livres). Il a d’ailleurs raison de constater que les grandes structures de pouvoir ont besoin d’un principe (plus ou moins) supérieur pour se prévaloir d’une forme de légitimité. 
Pour innocenter les démocraties occidentales de toute pratique suspecte, le mot propagande a progressivement été remplacé par publicité, relations publiques, communication politique ou santé mentale. Il semblerait même que ce soit la femme d’Edward Bernays qui ait suggéré à celui-ci d’employer un autre mot.  L’emploi du mot propagande a été réservé aux pratiques de pays ennemis ou jugés dangereux. De leur côté, les travaux sur la manipulation des masses seraient déguisés en organismes spécialisés dans la sociologie, la psychologie (expérimentale ou non) et la psychiatrie (impliquant déjà une vision standardisée et standardisable du comportement humain, séparant le corps de l’esprit et tournant le dos au concept d’âme, traitant les symptômes par la chimie). 
Mais l’ingénierie sociale, qui est aujourd’hui enseignée dans les universités, ne se limite pas à la propagande. D’ailleurs même si c’était le cas, l’opinion est une force agissante. 

LE POUVOIR DE L’ARGENT
Dans ses versions successives, l’Institut Tavistock des Relations Humaines, faisait partie d’une constellation de deux cents ou trois cents organismes financés par la dynastie Rockefeller (sans compter les organisations créées par d’autres “philanthropes”). 
Les immenses fortunes américaines du tournant des XIXe et XXe siècle auront été le produit de la révolution bourgeoise de 1789 (relisez l’immense Balzac). Il semble qu’après la transformation du monde physique, c’est à la transformation du monde mental que se consacreront les vitrines du pouvoir occulte qu’on appelle “démocraties”. Ce pouvoir occulte, c’est-à-dire caché, d’abord financier, est loin d’être dépourvu de visées spirituelles, philosophiques et contre-spirituelles, et tire son inspiration des utopies, notamment des utopies socialistes, elles-mêmes traversées par des courants philosophiques, spirituels et gnostiques. Si le mot utopie est souvent employé avec une connotation rêveuse, même sur le papier, ces cités idéales illustrent l’idée que les rêves des rationalistes sont nos cauchemars. 
Pour donner une idées de l’influence de ces nouvelles fortunes, la fondation Carnegie, avec le soutien des Rockefeller, a réussi à remodeler complètement la conception de la médecine à partir du début du XXe siècle, en commandant le Rapport Flexner, dont ils se serviraient pour pousser les écoles, académies et universités de médecine existantes à abandonner les pratiques traditionnelles au profit de la chimie, plus rentable et correspondant aussi à une vision mécaniste de l’humanité, de généreux financements étaient proposés en l’échange de l’abandon des médecines traditionnelles, naturelles, notamment (3). Les organisations, centres d’études universitaires ou autres, etc. financés par la fondation Rockefeller ont vite formé une toile qui s’étend sur toutes les villes importantes du monde occidental. De même, il n’est aujourd’hui pas un centre de recherche médical d’importance qui ne soit arrosé par la Fondation Bill et Melinda Gates au nom de “l’amour de l’humanité” – et je ne parle pas d’organes de presse, comme le Monde, maintenus en vie grâce à ces généreux donateurs et des aides d’État. Il convient donc d’observer la même méfiance vis-à-vis d’un “Institut des relations humaines” envisagées à l’échelle mondiale, c’est-à-dire dans une perspective forcément dépersonnalisante, que vis-à-vis d’une Organisation Mondiale pour la Santé entre les mains d’un oligarque, pardon, d’un milliardaire philanthrope obsédé par la vaccination. 
« la manipulation consciente, intelligente des opinions et des habitudes organisées de masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. » (Edward Bernays) Nous verrons dans les parties 1 et 2 de cet article que la propagande et  l’ingénierie sociale sont loin de se limiter à la modification des habitudes de consommation ou de la perception d’un pays décrété ennemi par le gouvernement invisible. 

LE « GOUVERNEMENT INVISIBLE »
Walter Lippmann, auteur de la formule « fabrique du consentement », écrit dans son livre Public opinion « que la démocratie a vu la naissance d’une nouvelle forme de propagande, basée sur les recherches en psychologie associées aux moyens de communication moderne. Lippmann mettait en doute la capacité de l’homme moderne à se déterminer avec sagesse et préconisait que les “élites savantes” assainissent l’information avant qu’elle n’atteigne la masse. » (citation extraite du monumental et extrêmement documenté Nouvel Ordre Mondial démasqué de Cyril Leysin, pp. 580-581) Il convient donc de méditer le constat élogieux que fait l’émission Secrets d’histoire quand elle déclare que Nelson D. Rockefeller est « Un des pères fondateurs de l’Amérique moderne ». 
« La manipulation consciente, intelligente, écrit Edward Bernays dans Propaganda, des opinions et des habitudes organisées de masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. » Ce ne sont pas les moindres exploits d’Edward Bernays, qui savait de quoi il parlait, que d’avoir imposé, au profit des producteurs de viande, le bacon au petit déjeuner des Américains (avec le renfort d’acteurs et de modèles jouant le rôle de médecins) et d’avoir incité une nouvelle catégorie de consommateurs à la tabagie après la deuxième guerre mondiale : les femmes. Il n’est pas téméraire d’avancer que la plupart des bouleversement des habitudes sociales qui ont eu lieu au XXe siècle ont été téléguidés par des organismes de propagande et de “communication”, commandités soit par des lobbys, soit par des réseaux de pouvoir occulte (dont les noms ne sont pas inconnus pour autant : Council for Foreign Relationships, Cercle Bilderberg, Forum Économique Mondial, etc.). L’association de l’idée de propagande et de manipulation des masses avec l’idée de démocratie peut sembler a priori paradoxale, c’est parce que le mot de propagande allait peu à peu être remplacé en occident par les expressions « relations publiques » et autres euphémismes, pour réserver le mot propagande aux régimes ennemis. C’est d’ailleurs Edward Bernays et non Joseph Goebbels qui est l’auteur de la fameuse formule : « Plus c’est gros, plus ça passe. » Du reste, d’un point de vue strictement pragmatique, dans des régimes “démocratiques” – c’est-à-dire : où le peuple choisit par le vote le visage de ceux qui semblent gouverner – où le pouvoir est de plus en plus centralisé, la création de ces instituts de manufactures du consentement se comprend : autant rendre les gouvernés aussi prévisibles que possible… pour leur imposer progressivement un « Nouvel ordre mondial » dont le projet est déjà au moins centenaire, n’en déplaise aux “vérificateurs de faits” (pour qui les guillemets tiendront à jamais lieu de lauriers suffisants) financés par l’USAID. La pierre inaugurale de cette opération de propagande tient dans le concept absurde et bluffant de « peuple souverain ». Or on ne saurait, comme le dit René Guénon, à la fois gouverner et être gouverné. 

/À SUIVRE/

1. odysee.com/@marcel-d:3/marcel-s-occupe-de-bill-gates-et-de-l:e ethealthimpactnews.com/2020/is-w-h-o-director-tedros-a-terrorist-global-ties-to-bill-gates-clinton-foundation-dr-fauci-china-and-genocide/?fbclid=IwAR35WUUy4DYJZMu_yPtpIVSXD-oJMw8_4gwvAdiT1Nd1h-qVxiBwEEpgZPc

2. Selon l’émission instructive quoique mal nommée Secrets d’histoire, la fortune de John D. Rockefeller représentait l’équivalent de celles des quatre plus grandes fortunes en 2013. 

3. Si la pratique de la médecine jusqu’au début du XXe siècle pouvait aussi fournir un terrain au charlatanisme et à l’escroquerie, qui étaient d’ailleurs la première spécialité de John D. Rockefeller, que dire de la médecine moderne, élevée au rang de quasi-monopole, dont les compagnies pharmaceutiques produisent elles-mêmes les études des produits qu’elles mettent sur le marché, où les patients captifs servent de sujets d’expérimentation, aboutissant en 2021 à l’injection contrainte d’un produit inconnu et expérimental, sous les encouragements des gouvernements du monde libre enjoignant les populations à « croire en la science ». « Aie confiansssse » chante, dans Le livre de la jungle, le serpent, candidat à remplacer celui du caducée. 

Présentation www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=GBc2dhjlWj0&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2Fsearch%3Fsca_esv%3D2d5348eba94113d1%26rlz%3D1C5CHFA_enBE783BE784%26sxsrf%3DAE3TifOLy2fzfJ5xrCa0N476Rx72QSCAQg%3A1749300&source_ve_path=MjM4NTE

Le langage bénéficie tout particulièrement des organismes d’ingénierie sociale, tout particuièrement la langage qui touche à tous les aspects de la vie politique et sociale :

https://www.publier-un-livre.com/fr/le-livre-en-papier/3504-toxicologie-du-langage?fbclid=IwAR3j4xI4mFPvfN6R8VT1JMSko3aPbtB9B4ZsiXnSGGfREk0wixvNtYx4PBc

TOXICOLOGIE DE LA RELATION ABUSIVE ORDINAIRE (1)

J’ouvre ici une série d’articles sur un sujet inhabituel dans ce blog, en espérant que les exemples qui la nourrissent seront utiles aux personnes soupçonnant d’être prises dans une relation abusive. Je sais d’expérience que cette prise de conscience peut prendre très longtemps, à plus forte raison quand les relations sont teintées d’affect. Je ne parlerai ici ni de relations de couples, ni de relations d’emprise, j’éviterai les étiquettes en me concentrant sur les manifestations malveillantes plus ou moins sournoises caractérisant certaines relations, en partant d’exemples concrets et en évitant la théorie.


Depuis au moins deux décennies, la représentation du bien et du mal dans les séries télévisées s’est complexifiée, plaçant au centre de leurs intrigues des personnages négatifs ou douteux travaillant pour le camp du bien. Parfois pour le meilleur : je pense au formidable Vic Mackey de The shield, une sorte de Dirty Harry hyperactif pour qui tous les moyens illégaux sont bons pour lutter contre le crime, sans oublier de s’enrichir au passage… Ou pour le pire (dans le sens racoleur et psychologiquement invraisemblable, mais pourquoi pas ?) avec Dexter et son postulat paradoxal d’un psychopathe qui aurait réussi à canaliser ses pulsions… grâce aux conseils de son père adoptif, alors que dans la réalité, le psychopathe (qui n’est que très rarement un tueur) se définit par l’absence de père et de sens moral, et par le flou identitaire entretenu par la mère abusive. Au passage, l’État ou le gouvernement abusif, qui infantilise sous prétexte de protéger, pourra très bien prendre le relais (la Matrice, la démocratie libérale). 


RELATION VAMPIRIQUE
La relation psychopathique est également au centre de la série Damages, où Glenn Close joue le rôle de Patty Hewes, une avocate machiavélique, dénuée du moindre état d’âme. Dans la première saison, cette avocate est au service – lucratif – du bien puisqu’elle combat dans la première saison, une sorte de Bernard Madoff qui a abusé de la confiance de milliers de personnes et les a ruinées. 
Mais la relation abusive se noue entre Patty Hewes et une jeune avocate, Ellen Parsons, qu’elle parvient à engager, alors que celle-ci avait décliné une deuxième proposition d’entretien, qui devait avoir lieu le jour du mariage de sa sœur (faisant donc passer sa famille avant sa carrière). Hewes ira la rencontrer par surprise au mariage, où elle parviendra sans même avoir l’air d’insister à la faire changer d’avis. 
Lors de sa première visite au cabinet de Patty Hewes, Ellen Parsons aperçoit un collaborateur à son bureau ne portant pas de pantalon, puis le service de nettoyage à sec livrant les vêtements des employés qui ont dormi au bureau. Absence de temps personnel, de vie privée, de droit à la pudeur, d’intimité, bref : don total de soi. On n’est pas si loin de ces grandes sociétés qui inculquent leurs « valeurs » à leur personnel, afin de créer une identification, une forme de dépersonnalisation. 
Une personne connaissant très bien Patty Hewes adressera un avertissement à Ellen – Vous et votre fiancé, vous êtes heureux ? – Oui. – Alors je suis désolé de l’entendre car vous allez vous rendre compte qu’il n’y a pas de place aux yeux de Patty Hewes pour votre fiancé, ni même pour vous. 
Nous sommes dans une série de fiction criminelle, et c’est une illustration sanglante de cet égotisme carriériste qui sera exposée au long de ce premier épisode, à coups de flash-forwards successifs, nous laissant deviner les ravages que va infliger cette dangereuse collaboration à Ellen Parsons, en montrant notamment le corps sans vie de son fiancé dans leur salle de bain. 
Mais enlevez les cadavres, les millions de dollars en jeu et les relations professionnelles et vous obtenez un cas de relation abusive malheureusement ordinaire, surtout depuis que la relation avec le pouvoir “démocratique” a pris un caractère abusif assumé à partir de 2020 : mensonge, duperie, culpabilisation, injustice, extorsion, intimidation, menace, etc. (1). « Ce qui est en haut étant comme ce qui est en bas », si on me permet le détournement de cette formule alchimique, les garde-fous sont tombés. 

Il va donc être question dans cette série d’articles de la relation abusive ordinaire. Je vais parler du point de vue de l’expérience et du témoignage, avec le secours occasionnel de la fiction et le recours au vocabulaire des passions humaines négatives ordinaires que sont la duplicité, la méchanceté, la malhonnêteté, la mauvaise foi, la lâcheté, la fausseté… Il y aurait un livre à écrire sur ces individus persuadés d’être infaillibles : prisonniers de leur égo idéalisé. Ils se ramassent à la pelle dans les jardins de grands enfants.
Au printemps 2023, j’ai co-fondé avec trois camarades une association, Artémus, qui organisait des conférences et enregistrait des podcasts avec des personnalités de ce qu’il faut bien appeler la dissidence dans un climat de censure intellectuelle inédit en « démocratie » (2). Ce beau projet était le résultat de la conjonction de plusieurs bonnes volontés et aussi l’exaucement d’un vieux rêve en ce qui me concerne. Cela m’a donné l’occasion de rencontrer Étienne Chouard, Marion Sigaut, Valérie Bugault, Youssef Hindi, Salim Laïbi ou Lotfi Hadjiat (j’ai publié un article sur son livre Les ennemis de l’humanité). 

UN CAS D’HOSTILITÉ MANIFESTE
Il y a un peu plus d’un an, j’ai été purement et simplement éjecté de cette association suite aux manœuvres d’un des co-fondateurs de l’association. Je l’appellerai HAL (3), comme l’ordinateur du film de Kubrick : 2001 odyssée de l’espace. Les noms des autres participants de l’association seront eux aussi modifiés. Curieusement, alors que son hostilité était manifeste depuis longtemps, ce n’est qu’une fois éjecté de cette association que je me rendrais compte que c’était le but poursuivi par HAL depuis plusieurs mois. Ou disons qu’il était pris dans une logique de western : « Cette association est trop petite pour toi et moi ». 
HAL s’était imperceptiblement, “naturellement” posé en chef à la faveur de compétences objectives : pour la coordination, la “séduction sociale”, la prospection d’invités. Ces talents ne tarderaient pas, en ce qui me concerne, à révéler des qualités plus obscures. Très vite, je me suis vite trouvé en butte à des critiques arbitraires, acerbes et personnelles.
Que ces critiques soient justifiées ou non entre peu en ligne de compte dans la mesure où elles participeraient d’une stratégie d’intimidation, dans laquelle je servirais d’ “exemple”. Je note en passant que HAL se gargarisait des mots « bienveillance » et « professionnalisme ». Nous étions tous des amateurs, à l’exception de la personne qui a créé bénévolement (comme nous tous) le site internet de l’association, et le graphiste. Il me reviendrait d’ailleurs aux oreilles que la maîtrise de son métier serait jugée par HAL comme une forme de psycho-rigidité. 
Comme c’est souvent le cas, les personnes prisonnières d’une vision idéalisée d’elles-mêmes qui épinglent les travers des autres font très souvent un autoportrait, d’autant qu’elles ont tendance à cibler des personnes qui, sans qu’elles s’en rendent compte, les menacent sur ce qu’elles ont de plus vulnérable, qu’elles fortifient par une tactique d’agression préventive. 
HAL considérait ses volontés comme des lois immédiatement applicables et se signalait par une haute estime de lui-même (l’auto-persuasion venant en renfort de qualités objectives) ; cette estime s’exprimait par une vision essentiellement négative et supérieure des autres – une fois qu’il en avait tiré ce dont il avait besoin. 
Le graphiste de l’association se trouvait être mon compagnon, et le quatrième co-fondateur de l’association, parti au bout de deux mois, m’apprendrait par la suite que HAL nous appelait « monsieur et madame » depuis longtemps, même avant que les choses ne se gâtent ; je n’ai pas de raison de penser que ce trait de médiocrité amusait les autres membres de l’association. La même personne me raconterait qu’après son départ, HAL et Sammy s’étaient livrés sur lui à une opération d’intimidation au moment de remettre les informations bancaires. Je savais cela vrai : HAL  et Sammy s’en étaient vantés. Je dois dire qu’à cette époque, tout en trouvant leur embuscade superflue, je n’avais pas compris les raisons de son départ soudain. Plus d’an plus tard, en parlant avec lui au téléphone, il deviendrait clair qu’il avait compris quel type d’individu était HAL.

PREMIÈRES HOSTILITÉS
Avant que ce dernier ne passe véritablement à l’offensive, il s’était produit entre nous ce que j’avais pris pour un malentendu, que j’avais cru dissiper par téléphone. Quoiqu’elle se soit passée dans le calme (pour la dernière fois), j’ai constaté à la fin de cette discussion que l’expert en psycho-rigidité n’avait fait strictement aucune concession à ma mise au point. Lors du malentendu suivant, plusieurs mois plus tard, à l’occasion d’une nouvelle critique péremptoire, HAL ne daignerait même plus me répondre. Il déciderait au contraire que c’est lui qui avait des choses à me dire, organiserait une “mise au point” entre nous deux, pour m’accabler de critiques absurdes et d’attaques personnelles, finissant par me menacer physiquement (!) après avoir fait mine de me donner la parole. Je précise que ses menaces, quoique HAL soit beaucoup plus costaud que moi, ne m’ont pas impressionné.
Beaucoup plus éprouvante aura été la guerre psychologique constante qu’il me livrerait pendant les mois à venir. 
Cette guerre avait commencé par une engueulade publique, devant les autres membres d’Artémus, déclenchée par une remarque tout à fait anodine que je lui avais adressée. J’ignore s’il avait prémédité cette opération ou si vraiment il est sorti de ses gonds. En règle générale, je crois le contrôle que ces personnes exercent sur eux-mêmes très illusoire dans la mesure où ils sont le jouet de leurs mauvaises passions. Telle que je le perçois , cette engueulade, aura eu pour résultat de sidérer durablement les membres de l’association, mais aussi de normaliser un comportement abusif, que je n’entendrais jamais personne dénoncer ni même critiquer ; il faut dire qu’un autre outil dans la panoplie de manipulation de HAL était la séduction, exclusivement dirigée vers les autres, pour qui il montrait sollicitude, compréhension, indulgence… Avis aux amateurs de la tactique : diviser pour régner.

L’ARSENAL DU “BULLY”
Bully est un mot anglais pour lequel la traduction la plus proche serait “persécuteur”.
Voici comment la malveillance de HAL s’est manifestée : 
– Comportement capricieux : prétendant ne pas admettre que que l’on puisse (moi du moins) avoir d’autres priorités ponctuelles que les activités d’Artémus, priorités qu’il se revendiquait pour lui-même ; 
– Refus d’entendre mes explications sur des reproches adressés ; 
– Attribution puis retrait arbitraire de tâches ; 
– Double contrainte : critique d’un travail que j’avais fait à sa demande suivie de l’interdiction de demander leur avis aux autres sous prétexte que les tâches seraient « compartimentées » ; il faut reconnaître à HAL le génie de mettre les gens devant le fait accompli, à commencer par l’élimination pure et simple d’un esprit collégial ;
– Sabotage : HAL m’avait par exemple demandé de préparer un plan  pour une interview d’invité, plan qu’il saboterait dès le début de l’enregistrement ;
– Comportement désobligeant devant les autres, voire humiliant, allant jusqu’au puéril : imitations moqueuses, yeux levés au ciel sur une simple question de ma part… 
– Menaces verbales et comportement intimidant devant témoins lors d’une réunion, se disant capables de me dire « des choses de nature à me faire pleurer » (phrase parfaitement mystérieuse, du reste) ;
– Menaces physiques : au terme d’une “discussion” vive, il me lancerait qu’il était « À deux doigts de m’en coller une ». 
Je précise d’ailleurs que Sammy, un autre membre originel de l’association, qui se prétendait mon ami, minimiserait et relativiserait tous les débordements de HAL, les considérant – y compris les menaces – comme « normaux ». Or Sammy était loin d’être une personne mauvaise, mais s’identifiait – j’ignore pourquoi – à HAL. Particulièrement déroutant aura été le comportement de Sammy, se prétendait mon ami, tout en disant ne pas vouloir prendre parti – mais ne pas prendre parti ne signifie pas nier qu’il puisse y avoir un agresseur et un agressé – et s’alignait systématiquement sur le point de vue de HAL. 

UN COMPORTEMENT VIRAL ?
Pour être juste, je ne suis pas sûr d’avoir échappé à l’influence délétère de HAL (dont je vois encore l’œil unique rouge braqué sur moi) avant de me trouver dans son collimateur à mon tour. Lors d’une des premières réunions, je m’étais emporté contre une personne de bonne volonté qui nous avait proposé son aide. Cette volontaire, que HAL estimait indésirable et qu’il avait entrepris de déstabiliser et d’effrayer, afin de la décourager de travailler avec nous, avait obtenu de pouvoir s’expliquer lors d’une réunion avec nous. C’est au cours de cette réunion que je m’étais emporté contre elle, d’une manière que je m’explique mal… peut-être par identification à l’association, à ce que je prenais pour des affinités intellectuelles entre ses quatre membres fondateurs (dont HAL, donc)… cela dit, je n’exclus pas mes propres mauvaises raisons pour mes débordements d’humeur. Quoi qu’il en soit, j’ai par la suite trouvé l’occasion de m’excuser auprès de cette personne. 
Au bout d’un an, la situation est devenue invivable. Mon départ s’est finalement joué en avril 2024 à l’issue d’un vote, que j’ai proposé de guerre lasse, mais sûr qu’il trancherait en ma faveur. Seules trois personnes sur les sept membres d’Artémus ont participé (dont HAL et Sammy, alors que logiquement, j’aurais dû participer). C’était une idée de Sammy, du moins c’est ainsi qu’il me l’a présentée, idée que j’ai commis l’erreur d’approuver. Lui et la troisième personne me confieraient que HAL avait annoncé la couleur : si le vote jouait en ma faveur, c’est lui qui partirait. Or HAL s’était déjà affirmé comme la colonne vertébrale d’Artémus. Sammy est le seul à avoir voté en ma faveur, sachant déjà, si j’ai bien compris, que cela ne faisait aucune différence. 
J’aurai au moins eu la satisfaction d’avoir dit, au cours de la dernière réunion que je n’avais pas co-fondé une association pour tomber sous les ordres d’un petit chef et avoir fait remarquer à HAL, qui voyait d’un mauvais œil que je pointe l’index dans sa direction, que pour une personne aussi agressive que lui, il avait des sensibilités de princesse au petit pois.

UN ENTERREMENT DE PREMIÈRE CLASSE
Le coup de pied de l’âne me serait infligé dans un message écrit par HAL aux deux autres votants et à moi-même, message dans lequel il affirmait avec son outrecuidance caractéristique que contrairement à ce que j’avais écrit (en fait contrairement à ce que les deux votants m’avaient dit et contrairement aux FAITS), tout s’était fait dans les formes.

Ton interprétation des événements lorsque tu parles de « chantage », […] reste vraiment « ton » interprétation. Quant aux « menaces, intimidation, moqueries, mépris » que tu me prêtes, elles sont aussi une interprétation de ta part.

Le langage pervers s’épanouit dans ce message, où les faits deviennent “interprétations”. Or quand je dis que HAL a fait venir beaucoup d’invités prestigieux à Artémus, c’est un fait, ce n’est pas une interprétation. 
Non seulement HAL avait obtenu ce qu’il voulait mais en plus il prétendait en détenir le récit officiel (et comme dans tout exercice de pouvoir illégitime, officiel devient authentique). Ce degré de volonté de contrôle suggère que, quelque toxiques qu’ils puissent être, les abuseurs répondent, et ce de manière épidermique, à quelque chose en l’autre qui les menace profondément. 
Personne n’a confronté HAL à ses mensonges. Sammy me dirait par la suite qu’il n’avait – commodément – pas lu sa réponse. Comme on dit : avec de tels “amis”, on n’a pas besoin d’ennemis. C’est au hasard des publications sur Facebook que j’apprendrais que ce que j’avais subi s’appelait une « blessure de trahison ». J’apprendrais aussi que les dépressions (même légères) sont des phases de transition qui nous obligent à affronter nos émotions et nos sentiments, des sortes de crises d’adaptation. 

Si HAL avait eu face à lui lors du vote des personnes plus vaillantes, aurait-il obtenu mon éviction ? La question est : quel intérêt aurais-je eu à rester dans la proximité d’une personne aussi hostile ? aussi “déterminée” ? (même si je sais, pour avoir rencontré d’autres manipulateurs de ce type, que leur mouvement imite la fuite en avant). Il y aura aussi à dire sur la fonction paradoxale de la victime pour celle qui l’assume temporairement. Je reviendrai dans la dernière partie de cette série à ce que Carl Jung nomme la nécessité d’affronter son ombre
Enfin, en agissant à découvert, HAL, sans que j’excuse ses actes de quelque manière que ce soit, m’a rendu service. Car la relation abusive (terme que j’emploie dans un sens large ; on pourrait parler de relation  indésirable) est plus difficile à détecter quand elle se manifeste par une hostilité déguisée sous les sentiments amicaux ou familiaux. 
Ce sera l’objet des articles suivants.

Illustration : Tableau de Joseph Ducreux : Un moqueur montrant du doigt

/À SUIVRE/

1. Qu’on ne s’y trompe pas, l’épisode Covid aura vu l’établissement d’une relation abusive par les pouvoirs en place, qu’ils soient nationaux ou supra-nationaux : oubli des règles d’immunologie, violation du consentement libre et éclairé, transformation de la population en cobayes, intimidation, terreur, chantage, culpabilisation, interdiction de soigner, punition du respect du serment d’Hippocrate, règne de l’absurde (assis-debout-couché, auto-attestation…), coercition afin d’administrer un produit inconnu et expérimental, empoisonnement… Le graphique des critères qui déterminent une relation abusive se trouve sur cette page : https://x.com/_h16/status/1371872102484209669

2. Où les élus ne font même plus semblant de représenter le peuple.

3. Le nom de l’ordinateur meurtrier a été choisi en sélectionnant dans l’alphabet les lettres précédant IBM. 

BLANCHE GARDIN, LA CIGALE… ET LA FOURMI

L’excellente humoriste de gauche Blanche Gardin soutient les Palestiniens et c’est très bien. Son soutien va-t-il aussi loin que celui de LFI, pour qui tous les blancs sont des colonisateurs ? C’est une autre question… 

L’excellente humoriste de gauche Blanche Gardin soutient les Palestiniens et c’est très bien. Son soutien va-t-il aussi loin que celui de LFI, pour qui tous les blancs sont tous des colonisateurs (mais qui à part cela sont antiracistes et anti-amalgame. Misère…) ? Elle s’est déclarée solidaire du collectif Tsedek!, collectif juif décolonial qui lutte aussi contre le colonialisme, même juif, et le « racisme d’État », donc à bonne distance spatiale et/ou temporelle de ses ennemis désignés ou imaginaires. Ce soutien a valu à Blanche Gardin des attaques qui lui ont inspiré un duo humoristique avec « l’humouriste » (le mot est de lui) Aymeric Lompret. Le point de départ de ce sketch assez amusant est une sorte de réunion des AA : les antisémites anonymes. Car la question se pose de savoir : aujourd’hui qui n’est pas potentiellement antisémite ? Je ne donne pas la réponse, réfléchissez, c’est facile. 
Il n’en a donc pas fallu davantage pour qu’une certaine Elishéva Gottfarstein se fende d’une vidéo crispante de treize minutes dans laquelle elle fait la leçon à Blanche Gardin, et donc à tout le monde. Soit dit en passant, elle s’exprime sur un site, Akadem, qui pratique l’amalgame et dont les titres de vidéos récentes sont : L’antisionisme est  l’antisémitisme des gens vertueux et Tsedek – Neturei Karta, les Juifs préférés des antisémites ou encore cette fanfaronnade paradoxale : Plus français que les français, les ancêtres juifs de Zemmour. 

RÉQUISITOIRE CONTRE BLANCHE GARDIN 
« Les instrumentalisations de l’antisémitisme, (comme celle que pratique le criminel de guerre Nétanyahu NDA) ne peuvent être dénoncées que si une lutte radicale contre la haine anti-juive est menée dans le même temps » 

À cela, je me permettrai de répondre : Blanche Gardin fait ce qu’elle veut. 

« …combattre l’instrumentalisation sans combattre l’antisémitisme ne fait que renforcer la solitude et la fragilité des juifs. Entendre que la haine dont il sont la cible ne mérite que des ricanements accroît leur sentiment d’insécurité et leur isolement. »

Quand Elishéva Gottfarstein parle de « la solitude et la fragilité des juifs », je ne peux que me demander si elle parle d’êtres imaginaires ? Se peut-il que les juifs dont elle parle n’aient aucun accès aux médias grand public ? Il ne faut pas exclure que des juifs soient sujets à des hallucinations car après tout, ils sont humains. Mais humains comme les autres, des gens comme Elishéva Gottfarstein le concèderaient-ils ? Nieraient-ils la notion d’élection ? 
Comme si elle voulait porter atteinte à l’image de Blanche Gardin, Elishéva Gottfarstein affirme que celle-ci « ricane de la haine dont les juifs sont la cible ». En réalité, Blanche Gardin raille la haine dont sont la cible ceux qui ne s’identifient pas assez (et ce n’est jamais assez) avec le point de vue imposé par le gouvernement israélien. Cette haine s’exprime en toute impunité par une des nombreuses calomnies qui ont cours dans l’arène médiatique : « antisémite ». 

Les propos de Blanche Gardin empêchent, continue Gottfarstein, « de nombreux civils sionistes à (sic) manifester leur soutien envers les civils palestiniens… » Les « civils sionistes » dont elle parle peuvent-ils être si impressionnables ? Blague à part, cette hyper-responsabilité exigée de la part des goys (non juifs) n’est-elle pas exorbitante ? 
Elishéva Gottfarstein reprend Blanche Gardin qui dénonce le sionisme comme projet criminel et colonialiste : non, ce serait « un projet émancipateur pour les juifs ». Mais l’un n’empêche pas l’autre. Les deux verdicts énoncent tout simplement la même réalité de deux points de vue différents. 

En conclusion, Blanche Gardin est accusée de « dieudonnite ». Rappelons que Dieudonné est devenu persona non grata à la télévision pour avoir dénoncé les débordements fanatiques qu’est en train de subir le peuple palestinien.  Blacklistée, victime d’ostracisme professionnel, blessée, en détresse, Blanche Gardin s’est adressée au rabbin Delphine Horvilleur qui avait relayé et donc entièrement approuvé la vidéo de Gottfarstein. Elle a manqué de discernement. C’est le lot des personnes honnêtes… 

Dans sa lettre, elle a la naïveté de préciser que 

«  l’antisémitisme à travers des actes ou des propos constitue un délit, et que par conséquent si j’avais eu des propos antisémites comme tant de gens semblent le désirer si fort, il suffirait de porter plainte contre moi et je devrai me rendre au tribunal. »  

Si l’antisémitisme ou l’incitation à la haine raciale sont des délits, c’est précisément parce qu’ils sont si peu définis qu’ils permettent de condamner quiconque gêne le pouvoir. La loi était censé punir des actes. En réprimant des crimes de pensée, elle rend impossible aux accusés de prouver leur innocence. Et c’est d’ailleurs à cela qu’elle sert. Le droit, la loi et la justice sont des choses distinctes. 
Delphine Horvilleur qui se dit antisioniste, n’a pas gardé les cochons avec les  goys qui se disent antisionistes. Elle prend d’ailleurs Blanche Gardin d’assez haut dans sa réponse, feignant de ne pas comprendre que les commentaires de Gottfarstein soient jugés diffamatoires. Or Gottfarstein, lors d’un mini épisode de paranoïa psychiatrisante, dit Blanche Gardin atteinte de « Dieudonnite ». Dieudonné est bien placé pour savoir ce que la critique par l’humour de certaines dérives fanatiques peut vous coûter. 

«  vous m’affirmez, répond Delphine Horvilleur, que vous n’êtes pas antisémite du tout, […] là n’est absolument pas le problème. La question aujourd’hui n’est pas de savoir qui est antisémite, qui ne l’est pas du tout ou rien qu’un peu, mais qui, dans son discours, ses actes, ses alliances ou ses silences promeut ou nourrit cette haine? (1) Mettre en avant une instrumentalisation de l’antisémitisme par des Juifs sans jamais rappeler avec force la terrible réalité dans notre pays de cette haine qui a tué des enfants, menacé physiquement tant d’autres et pousse de milliers de citoyens à vivre cachés ou dans la peur… (2) Ne pas percevoir combien votre parole – qui n’est pas antisémite (3) – crée de désinhibition d’autres paroles tout à fait antisémites qui inondent vos commentaires, et ma messagerie. (4) […] Toute critique d’un gouvernement ou d’une politique est légitime (et souvent essentielle), sur la base de la reconnaissance évidente du droit de l’autre à exister. La lutte essentielle pour les droits des Palestiniens, pour rester pleinement légitime, ne doit tolérer aucune rhétorique à relent antisémite. Suggérer que les Juifs instrumentalisent leur douleur (5) l’exagèrent ou la “provoquent” eux-mêmes est insupportable, comme l’est de leur dire qu’on ne les soutiendra que (je vous cite) s’il “refusent de se laisser embastillés (sic) dans le projet sioniste”, c’est-à-dire s’ils refusent l’idée d’un refuge territorial, au cœur d’un monde qui leur est si hostile. »

Monde si hostile que seule une minorité de juifs souhaite vivre en Israël. 

1. Delphine Horvilleur nous prendrait-elle pour des surhommes ? Des surfemmes ? 
2. L’exemple d’un peuple vivant aujourd’hui dans la terreur est peut-être choisi avec une certaine maladresse. 
3. Cette concession peut sembler de bon augure. 
4. … mais au fait : qui est responsable de cette situation ? Une petite humoriste française ou un chef d’État sanguinaire ?
5. C’est ce que dénonce aussi Norman Finkelstein dans son livre L’industrie de Holocauste. C’est peut-être insupportable… mais est-ce vrai ? 

Contrairement à Michelle Sibony, Ronny Brauman ou Jacob Cohen, je ne vois ni Gottfarstein ni Horvilleur s’élever contre le génocide qui a lieu en Palestine. Elles jugent préférable au contraire de prélever toujours plus de gages de lutte contre l’antisémitisme… Et de s’occuper de ce que la situation en Palestine fait à leur communauté. Ce qui se passe est comme d’habitude prétexte à culpabiliser les goys que nous sommes, alors que s’il fallait trouver un responsable de cet « antisémitisme », c’est plutôt du côté du gouvernement israélien qu’il faudrait le chercher.
Blanche Gardin s’était pourtant exprimée clairement : 

« la seule façon de lutter contre l’antisémitisme est de lutter contre tout les suprémacismes ethno-religieux, et donc de s’opposer aujourd’hui au régime israélien »

Elle a juste commis l’erreur de croire sa supplique adressée à la bonne personne.

LE DÉMON À L’ENDROIT #4 : RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE ?

En arrivant à la gare de Saint Pancras, à Londres, on est accueilli par cette sculpture de 9 mètres de haut intitulée The meeting place (point de rencontre), œuvre de Paul Day.
Elle produit une impression déconcertante. Les deux personnages sont déifiés  par leur taille, le piédestal et leur visage mutant. En revanche, leurs vêtements, le sac à dos que porte l’homme suggèrent qu’ils évoluent dans un environnement urbain tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Un examen plus détaillé de la sculpture, et de la frise sur laquelle elle repose, ajoutée en 2008, permet de comprendre les intentions, sinon du sculpteur (qui a le mérite d’être un véritable artiste et non d’une boîte à idée humaine confiant la réalisation des ses fulgurances à des ateliers), du moins de ses commanditaires. 

Le couple présente des traits qui ne sont plus tout à fait humains. Ils dominent tels des demi-dieux sur une humanité égarée dans les labyrinthe que sont les couloirs de métro, les gares, les stations, pris dans un mouvement perpétuel et vain (j’y reviens un peu plus loin). L’accentuation de leur profil évoque à la fois certaines représentations antiques de l’humanité, les situant entre le plan terrestre et le plan divin, et la possibilité d’une mutation future, qui est un fantasme scientiste assez récent. Le mythe nietzschéen du surhomme établit une hiérarchie entre l’animal, l’homme et le surhomme, le dernier étant le résultat spirituel de la volonté individuelle de l’individu souverain débarrassé de Dieu. En revanche, depuis les premières intuitions de la génétique, les espoirs scientifiques d’une l’humanité ayant perdu la conviction de son âme immortelle se sont déplacés, du fantasme prométhéen de recréer la vie, à celui du contrôle total de la vie biologique… et de la mort, jusqu’à faire de l’humanité même une matière modelable à merci ; tout cela, bien sûr, au profit des puissants, de ceux dont la situation hyper-privilégiée les range à leur propres yeux dans une catégorie supérieure à l’humanité ordinaire.

La frise témoigne d’une véritable maîtrise artistique : effets de mouvements de foule, illusions d’optique produites par des perspectives horizontales et verticales exagérées, suggestion du ciel (lumière au bout du tunnel ou du couloir ?) de l’asservissement au travail bureaucratique ou à la machine, expression d’un grand égarement : l’impression d’ensemble est particulièrement désolante.
L’humanité y est agglutinée dans les rames de métro, enchaînée aux objets fétiches de son asservissement (téléphone, porte-document), réduite à des souris dans un labyrinthe, envoyée par train à la guerre ; cette note anachronique fait écho aux jeux de perspectives à la Escher : même la dimension du temps est un labyrinthe. Le sculpteur, se livre à d’autres jeux de mots formels : face aux personnages ressemblant à des soldats partant au front, il en représente d’autres, soldats ou mineurs (reconnaissables à leur casque) semblant porter un cercueil, en fait un train du type TGV . L’œuvre est très inspirée, foisonnante, grouillant non pas de vie mais d’agitation, le tout au service d’une vision particulièrement sinistre de l’humanité. Le spectateur ne sait si elle a pour but de l’accabler ou de l’alerter…  Il semble que le destin de l’humanité ne la mène que vers le bas. L’utopie est un paradis terrestre réservé à une élite, une sorte de zone coupée du reste du monde, transformée de facto en enfer, ce dont la majorité de l’humanité ne se rend pas compte puisqu’elle y est née et n’a jamais rien connu d’autre.


Ici et là est suggéré le monde extérieur, le monde situé au dessus de cet enfer qui est la norme de l’humanité occidentalisée : le ciel, une rue en haut d’un escalier que descend un homme se rendant au bureau, gardée par une clocharde et son chien aux bajoues tombantes. Communication possible entre les deux mondes ?  

Le couple d’amoureux pris dans cette agitation est loin d’apporter une note d’espoir. Il n’est pas le pendant des deux géants sereins qui dominent la frise. L’homme nous tourne le dos, le regard dirigé vers sa droite, comme absent de sa propre étreinte, tandis que la femme qu’il tient dans ses bras regarde par-dessus son épaule l’écran de son smartphone. En effet, ce sont les yeux les visages et le regard des personnages de la frise qui les emprisonnent dans le monde matériel, dont ils ne perçoivent que les apparences, tandis que les yeux des deux amants du couple idéal, dépourvus de regard, ne sont pas vides, mais comme omniscients, capables de tout voir et savoir du monde extérieur et au-delà.

C’est ici que se confirme la thématique démoniaque de cette œuvre qui représente l’accomplissement du fantasme transhumaniste, du contrôle de l’humanité et de l’existence : l’homme s’est mis sur un pied d’égalité avec les dieux, selon la promesse du serpent, et domine l’humanité ordinaire enfermée dans des tunnels, égarée, hagarde, hypnotisée, ne communiquant plus que par écrans interposés. Cette vision dystopique est-elle si éloignée de notre réalité ?  

LE DÉMON À L’ENDROIT #3 : LE GÉNITEUR DU BÉBÉ DE ROSEMARY

Ma dernière visite à Lille en septembre a été l’occasion de constater la présence, devant la gare Saint Sauveur, d’un bébé-démon géant rescapé de l’édition 2009 de l’exposition en plein air Lille 3000. Il faisait partie d’une série d’une dizaine de sculptures exposées dans le centre intitulé « parade des Anges et Démons ». Titre doublement trompeur. En effet, la douzaine de sculptures exposées dans la rue) n’étaient pas des anges et des démons mais des êtres « mi-anges mi-démons », ce qui est une aberration puisque le caractère hybride est un trait propre aux démons, non aux anges, qui sont des êtres purs. Qu’on en apprécie ou non les éventuelles qualités esthétiques, plastiques ou spectaculaires, l’art officiel dit contemporain, quand il daigne se faire figuratif, annonce de plus en plus clairement la couleur. Et cette couleur est assez sombre.


L’argumentaire du texte de présentation dissipe tout doute possible à l’entendement de qui sait voir et lire : « Réalisé par le collectif d’artistes russe AES+F, ce curieux bébé oscille entre ange et démon (1). Le Mal peut ressembler au bien et vice versa (2). Il incarne peut-être un nouvel âge (3). »
1. Oscille… Vraiment ? Il semble au contraire avoir rejoint « le côté obscur de la force ». 
2. « Ressembler »… est-ce à dire : « être confondu avec »… ? La confusion entre les notions de  bien et de mal s’installe en réduisant la vision du monde au point de vue individuel. Ce ne sont pourtant pas des points de vue individuels qui modifient les sociétés, mais des groupes organisés (institutions, lobbies réseaux occultes parmi lesquels les services secrets…). Se rappeler que l’art monumental est une émanation du pouvoir fournit une piste de réflexion non négligeable.
3. L’argumentaire semble suggérer que ce nouvel âge, cet âge de (con)fusion entre le bien et le mal, est aussi nécessaire qu’inévitable (ne pas oublier que cette rhétorique fataliste vient d’en haut). En ce qui concerne les affaires terrestres, seule la morale traditionnelle, conventionnelle dans le bon sens du terme, inspirée du droit naturel, est véritablement égalitaire. Tandis que cette “morale” ne peut en définitive que servir la loi du plus fort. Il s’agit depuis 2020 d’un fait accompli : l’arbitraire est assumé comme l’esprit et la lettre du pouvoir, qui a normalisé le viol du principe de consentement libre et éclairé, la persécution du peuple et la ségrégation. 

L’ENFANT MALÉFIQUE DANS LA FICTION
Ce qu’on implante dans l’imagination du public n’est pas innocent. Le thème de l’enfance maléfique, comme tout ce qui a trait au mal, avait été pris en charge par le genre fantastique. Dans la culture populaire, l’enfance reste un domaine protégé. Dans la science-fiction, quand l’homme crée la vie, il la crée déjà dans sa forme adulte (Frankenstein). Deux contre-exemples me viennent à l’esprit : le bébé créé par l’ordinateur central domestique dans Génération Protéus et le bébé, indirectement créé par la mort de l’ordinateur dans 2001, Odyssée de l’espace. Dans son essai malheureusement non traduit : Monsters from the id, E. Michael Jones explique que le cinéma horrifique est le lieu où remontent les questions interdites par la libération sexuelle : le refoulement du traumatisme de l’avortement dans Alien, la valorisation de la virginité dans les films de tueurs en série (notamment la série des slashers des années 80 Vendredi 13, jusqu’au récent Cabin in the woods, qui reprenait de manière roublarde les codes du genre) où la survivante est toujours celle qui a préservé sa vertu, comme dans Halloween de John Carpenter (1978). En fait, le thème du bébé maléfique ne s’inscrit pas tout à fait dans le cadre de cette contestation indirecte et imagée de la révolution sexuellet ; pourtant, il vient contester le principe rousseauiste selon lequel l’homme naîtrait bon et serait corrompu par la société, postulat qui entraîne la négation de la responsabilité individuelle et la nécessité de réformer la société, de peur que la liberté individuelle ne transforme celle-ci en champ de bataille ; mettre l’humanité en coupe réglée est le programme des utopies : vouloir le bien de l’homme contre son gré.
On trouvera des exemples notables de l’enfance maléfique dans le fascinant Tour de l’écrou de Henry James (récit volontairement ambigu qui laisse le lecteur dans l’incertitude quant à la question de savoir si tout s’explique par l’action maléfique des enfants ou par l’hystérie de leur nurse), Rosemary’s baby, où il est question de l’enfantement du fils du diable ou The Middwich cuckoos (Le village des damnés en français), où les enfants maléfiques ont été conçus par une force invisible, probablement extra-terrestre après que le village a été totalement coupé du monde pendant une nuit.
Quand le cinéma fantastique et horrifique, heureusement très avare en représentations de meurtres d’enfants, déroge à cette règle, il fait en sorte de le justifier : Le petit frère lancé d’un hélicoptère dans dans The body snatchers (Abel Ferrara, 1993) a déjà été remplacé par les graines extra-terrestres. Le spectateur comprend très bien que cette créature n’a de l’enfance que l’apparence. Dans Dawn of the dead (Zack Snyder 2004), remake du film de George Romero (1978), une femme mordue par un zombie finit par accoucher d’un bébé mort-vivant, trouvaille audacieuse dans un remake réussi et parfaitement pessimiste où l’anthropophagie de l’original est édulcorée, mettant en évidence le thème de la transmission épidémique.

AGRESSION DE L’ENFANCE
Dans le monde réel, matérialisant des peurs que même le cinéma horrifique n’avait que rarement affronté, c’est la politique qui pervertit le thème de l’enfance :
– En l’assimilant à une forme de parasitisme qui ne peut être combattu qu’en refusant de procréer, selon certaines mouvances « écologiques » (les guillemets se justifiant ici par le fait que cette mouvance semble se préoccuper davantage de polluer des environnements mentaux que de protéger l’environnement naturel) ;
– En la sexualisant, sous prétexte de la protéger par l’enseignement du principe de consentement sexuel, alors que tout principe de consentement a été confisqué aux adultes, à commencer par leur droit à élever leurs enfants comme ils le veulent (1)
Mais il ne faut pas voir de contradiction avec le négationisme du sexe biologique appelé théorie du genre (dont la menteuse Najat Vallaud-Belkacem avait déjà nié l’existence tandis qu’elle entrait dans les manuels scolaires).

NUNUNU
Le mensonge principal de la publicité est de faire croire qu’elle vend des produits alors qu’elle distille une idéologie. Cette convergence des luttes nihilistes était déjà assumée dans le film publicitaire pour la marque israélienne de vêtements « non genrés » pour enfants Nununu, promue par la chanteuse Céline Dion (2)… Le message du film publicitaire est parfaitement explicite : Un des premiers plans montre Céline Dion dans un taxi tandis que sa voix off dit le texte suivant : « “Nos enfants”, ils ne sont pas vraiment nos enfants… ils sont des chaînons faisant partie d’une chaîne infinie qui est la vie… » Cette
« chaîne de la vie » n’est qu’une manière détournée d’évoquer l’annulation des prérogatives parentales naturelles (qui était déjà à l’œuvre dans la prétendue école gratuite et obligatoire, qui était en fait une décision maçonnique visant à limiter l’influence du christianisme sur les nouvelles générations).
Arrivant dans une salle de maternité où les bébés sont répartis entre aile bleue pour les garçons et aile rose pour les filles, Céline Dion souffle sur eux une poussière étincelante et noire qui métamorphose leur environnement : les bébés ne portent plus que des vêtements noirs frappés de motifs blancs ou inversement : grenouillères à motifs d’étoiles noire, de croix carrées inscription en majuscules et caractères gras NEW ORDER… 

Il se pourrait que dans leur désir manifeste d’éviter la mièvrerie propre aux produits liés à la petite enfance, les deux créatrices de la marque israélienne, respirant la joie de vivre : patibulaires et habillées de noir, soient « passées du côté obscur de la force ». La vision qu’elles projettent de l’enfance est dépressive, sinistre et totalement vidée de toute vitalité. L’avenir est sombre, pour ne pas dire ténébreux. Un coup d’œil à leur ligne de vêtements permet de se faire une meilleure idée: même un tee-shirt frappé du slogan DO NOT TOUCH (ne pas toucher) met mal à l’aise ; le slogan est accusateur (c’est le propre des victimes n’ayant pas identifié leurs véritables agresseurs de les voir partout ; serait-ce le cas de Iris Adler et Tali Milchberg, les deux stylistes de la marque ?).

Ce prêt-à-porter se fait le complice d’une idéologie mortifère, toxique, et fourbe, qui en revendique du droit à l’affirmation d’être soi – mythe de l’individu sui generis, coupé de toute filiation, portée par le lobby LGBT – prétend que la castration chimique et la mutilation chirurgicale. Comme l’explique Lucien Cerise dans Neuro-pirates, cette idéologie est l’avant-garde du transhumanisme, idéologie scientifictionnelle du perfectionnement de l’homme par l’homme, c’est-à-dire à la guerre contre le principe même d’humanité. 

  1. Rappelons que cette « éducation » perfide au consentement sexuel (énoncé qui comme le dit Ariane Bilheran est pervers du simple fait que les droits sont censés protéger contre les pulsions) intervient alors que les adultes sont dépouillés de leurs prérogatives ; pendant la période de malédiction confinementielle, un adulte ne portant pas de masque facial (médicalement inutile) dans une boutique pouvait se voir verbalisé, tout comme le propriétaire ou le gérant du commerce, cette mesure annulant de facto toute notion de responsabilité individuelle.
  2. Film publicitaire pour la marque Nununu : http://www.youtube.com/watch?v=StQXEe4bF2c&ab_channel=NUNUNU

LE DÉMON À L’ENDROIT #2

IL NE SERA PAS ICI DIRECTEMENT QUESTION DE DÉMONS. ENCORE QUE ON DIT BIEN QUE LE DIABLE EST DANS LES DÉTAILS… 

L’Antipresse, journal fondé par Slobodan Despot a publié il y a quelques semaines le premier d’une série de trois articles que j’ai écrits : Les démons et la vie ordinaire. J’y fais le constat de la multiplication des représentations démoniaques dans l’art monumental de ces dernières années pour m’interroger sur le sens et la nature de ce que pourraient être les démons aujourd’hui ; par « démons », j’entends : manifestations du mal ordinaire.
Ce n’est pas de cela qu’il sera question ici, mais de l’échange avec une des personnes de mon entourage – que j’appellerai X, par commodité – qui a lu mon article. 

Je connaissais l’orientation politique très marquée à gauche de X (clivage qui sert à détourner l’attention du seul clivage politique qui compte : mondialisme ou souverainisme, du moins si on se limite aux questions terrestres). Et je dois dire que sa réponse ne m’a pas déçu : 

J’espère que tu fais attention ou tu met les pieds, et ta plume – quel que soit notre bord politique, nos intentions aussi louables soient-elles et nos valeurs, nous vivons tous dans nos bulles de pensées. (1) […]
Concernant ton article, bravo pour le travail effectué. Je te rejoins complètement sur ton appréhension de l’art contemporain. […] Je n’arrive cependant pas à saisir ou tu veux en venir. Et si tu parles de démons d’apparence métaphorique ou au premier degré.
(2) 
Cela me pose question parce que ce manque de clarté permet à mon sens d’esquiver critiques, débats, et retours constructifs.
(3)

  1. Ce conseil de « faire attention où je mets les pieds » ne venait pas d’un vétéran inquiet de me voir prendre une voie sur laquelle il se serait brûlé les ailes, mais d’un jeune homme de vingt ans de moins que moi… Si la critique n’est pas une affaire d’âge, la condescendance doit pouvoir justifier d’une supériorité objective. J’étais évidemment surpris que son message commence par une mise en garde, signe d’une personnalité ayant une haute opinion d’elle-même, trait assez courant pour ne pas dire constitutif de la mentalité gauchiste – que je distingue toujours de la mentalité des gens de gauche honnêtes que peuvent être Jean-Claude Michéa, Étienne Chouard ou la valeureuse Tatiana Ventôse ; mais précisément, ces gens-là inspirent la plus grande méfiance à la gauche radicale  (ou révolutionnaire). 
    X attirait ensuite mon attention sur un passage dans un autre article du même numéro, où l’écrivain Éric Werner évoque Renaud Camus et la théorie du grand remplacement (sans la condamner, comme voudraient qu’on le fasse ceux qui déplorent les théories dont il chérissent les pratiques). X soutient LFI, qui milite nettement pour la créolisation de la France ; dans ces conditions, contester le phénomène de remplacement, c’est manifester la double pensée définie par George Orwell : le cerveau gauche ne voit pas ce que fait le cerveau d’extrême gauche en quelque sorte. Qu’on approuve ou non la transformation des populations occidentales qui a lieu depuis quelques décennies, il faut être malhonnête pour l’interpréter autrement que comme le résultat d’une volonté politique (nationale ou supra-nationale). Les pays qui veulent contrôler leur immigration l’ont toujours fait. 
  2. Je n’évoquais l’art contemporain dans mon article que pour dire qu’à travers lui nous avions affaire à un art officiel qui ne dit pas son nom et que la prolifération de représentations démoniaques posait la question de la nature du pouvoir qui les promeut, les finance, etc. et ce, que ce pouvoir soit public ou privé.
  3. X fusionne ici d’une curieuse manière son incompréhension avec l’intention qu’il me prête d’esquiver les critiques (il ne faut jamais négliger la puissance de frappe du procès d’intention).

    Cela dit, j’ai médité ma réponse de manière à pouvoir éviter les pièges ; le premier étant de ne pas tomber dans le débat sur les petits, grands ou moyens remplacements :

    Merci de t’inquiéter mais je sais où je mets les pieds : après tout, ce sont les miens et j’y fais très attention. Comme tu le remarques judicieusement, ce n’est pas moi qui ai écrit l’article d’Éric Werner, alors je ne sais pas quoi te dire…
    L’art contemporain est creux je suis bien d’accord, mais ce n’est pas du tout mon propos, qui est  la question du sens produit par l’art monumental. Je ne comprends pas « démons d’apparence métaphorique » […]. Les sculptures dont je parle sont des représentations. De quoi ? C’est précisément l’objet des parties 1/3, 2/3 et 3/3. 

X a beau être un jeune homme plutôt placide et d’apparence tout à fait inoffensive, son opinion était faite. Sa rectitude ne souffrirait aucun éclaircissement :

Participer à un journal publiant des sophismes honteux me parait juste peu rigoureux. [Ta participation] m’inquiète, en vérité. Connaissant le terme de grand remplacement de Renaud Camus et l’ayant vu mainte et maintes fois se faire débunké (sic) en quelques secondes, connaissant à quel point il sert la propagande climato-sceptique, raciste, et confusionniste, et le repli sur soi idéologique j’avoue être simplement choqué de te voir publier dans un journal qui ose le citer. Pour en revenir à ton texte, je n’en saisis pas le fond. Quel est ton propos ?  Penses-tu que les institutions ont des liens directs avec les démons ? Qu’il y a une forme d’art satanique en place en France et dans le monde ? 
Le fond de ton propos n’est à mes yeux pas lisible. Et je ne peux donc en dire grand chose pour l’instant.

X se doutait bien que je ne savais pas d’avance quel serait le contenu des autres articles mais surtout, il semblait présumer à le fois que mes décisions suivaient sa ligne de conduite (ce que suggérait son avertissement liminaire) et déplorer qu’elles ne la suivent pas. J’étais pris dans sa « bulle de pensée ». L’expression de son inquiétude avait de quoi surprendre et suggérait que ce qu’il pensait de mon article devait m’ouvrir les yeux… 
Je le reconnaissais là, le petit démon politique vétilleux et hargneux qui depuis des décennies fait de la vie intellectuelle une antichambre de l’enfer… Allais-je me fatiguer à lui expliquer que les mots climato-sceptique, raciste, et confusionniste étaient des insultes et non des arguments ? Quant au « repli sur soi »… 

Ma manière de voir les choses est radicalement différente de la tienne…
L’inquiétude dont tu me fais part… qu’en faire ? 
Tu désapprouves ma décision d’être publié dans ce journal. Ça te surprendra peut-être : mon but dans la vie n’est pas d’éviter de décevoir les gens. Le voisinage de l’article d’Éric Werner avec le mien correspond exactement à l’idée que je me fais de la diversité intellectuelle. […]
Me demander de m’expliquer sur mon article dans son ensemble est une demande exorbitante ; si tu as des questions sur des passages précis, j’y répondrai volontiers. Cela dit, relire, c’est toujours bien.
 
Inutile de dire que j’ai bien l’intention de proposer d’autres articles à Slobodan Despot. 

Des semaines ont passé. Pas de nouvelles.
Je frémis en pensant à ce qui se serait passé si j’avais essayé de m’expliquer… 
Mais surtout… Je ne sais toujours pas ce que sont des « démons d’apparence métaphorique ».